A Genève, une "Grande Duchesse" qui s'ennuie !

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A grands frais, le Grand-Théâtre de Genève décide de remonter la production de ‘La Grande-Duchesse de Gérolstein’ que Laurent Pelly avait élaborée pour le Théâtre du Châtelet en décembre 2004: c’est pourquoi il a fallu reconstruire les décors de Chantal Thomas et refaçonner la plupart des costumes conçus par Laurent Pelly et retravaillés par Jean-Jacques Delmotte. Le jeu en valait-il la chandelle ? L’on est tenté de répondre négativement, tant le spectacle semble morne, démesurément long et sans intérêt : preuve en est que personne ne rit durant trois heures, hormis durant les intermèdes chorégraphiques où il y a matière à s’esclaffer. La révision de l’œuvre par Jean-Christophe Keck a un énorme défaut, celui d’ajouter des pages telles que ‘le carillon de ma grand-mère’ que le pragmatisme du compositeur écarta dès les premières représentations. La direction de Franck Villard, à la tête du Chœur du Grand-Théâtre de Genève et de l’Orchestre de la Suisse Romande, manque de précision dans les ensembles. Sur scène, Ruxandra Donose a l’abatage d’une Grande-Duchesse friande de jeune minois ; mais en dépit de louables efforts, l’on comprend à peine ce qu’elle dit, défaut qui s’accentue chez le ténor suisse Fabio Trümpy, même s’il campe un Fritz sémillant. Jean-Philippe Lafont n’a plus que des lambeaux de voix à prêter au Général Boum qui parle beaucoup plus qu’il ne chante. Par contre, parce que l’on perçoit facilement toutes leurs interventions, paraissent convaincants le Prince Paul de Rodolphe Briand, le Baron Puck de Boris Grappe, le Baron Grog de Michel de Souza et le Népomuc de Fabrice Farina. Et la meilleure de la distribution est Bénédicte Tauran qui joue une Wanda ‘fifi brin d’acier’, consciente de son bon droit face à son amoureux transi. Mais quel poids plume dans une production destinée à égayer la fin d’année ! Paul-André Demierre Genève, Grand-Théâtre, le 15 décembre 2014

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