La musique de film pour rajeunir le public

par

Pirates des Caraïbes, « La Malédiction du Black Pearl » (2003), film de Gore Verbinski, mis en musique par Klaud Badelt Orchestre National de Lille et les chanteurs du Chœur Régional-Nord-Pas-de-Calais, dir.: Ludwig Wicki En pleine période de vacances scolaires, l’Orchestre National de Lille réitérait avec le genre du Ciné-Concert autour du blockbuster américain, Pirates des Caraïbes. Sorti en 2003, le premier épisode, « La Malédiction du Black Pearl » puise sa source dans l’attraction très populaire des parcs Disney où les visiteurs sont invités à suivre un parcours aquatique où se succèdent scènes pirates, combats et beuveries, dans une atmosphère sombre mais aussi chaude et chaleureuse. On doit à Jerry Bruckheimer, d’abord sceptique, l’adaptation de cette attraction en film, un genre qui triomphait durant l’âge d’or hollywoodien. Gore Verbinski en signe la réalisation tandis que la musique est composée en 30 jours par Klaus Badelt, compositeur d’origine allemande. Dans un film où s’associent volontiers fantastique et humour, la musique tient une place principale. Rares sont les moments où les musiciens ne jouent pas. En effet, beaucoup de scènes statiques où d’action sans script, nécessitent un fond musical renforçant le dramatisme d’une scène. En cela, Badelt a parfaitement saisi le scénario et emmène les musiciens d’une scène à l’autre grâce à des transitions efficaces et modernes. La modernité de Badelt, caractéristique essentielle de son langage, réside dans la volonté d’offrir un discours plus actuel, et non ancré dans les traditions d’époque. Dans la musique de Badelt, on retrouve l’idée de thèmes, de motifs explicites et surtout de sons imagés et surprenants. La masse orchestrale est imposante, notamment pour les cuivres et percussions tandis que le compositeur adjoint à la partition une partie de chœur d’hommes, non pas pour des chants traditionnels mais pour renforcer, par le biais d’effets sonores, ce côté effrayant. Si l’on retrouve ici quelques thèmes de l’attraction, la musique de Badelt est nouvelle et se juxtapose aisément avec les images farfelues de Verbinski. Bien souvent, le spectateur ignore ou ne prête pas attention aux B.O, pourtant d’une richesse extraordinaire. A l’occasion de ce Ciné-concert, une toute autre dimension nous était proposée, incitant à nous intéresser à la musique sans toutefois gêner la trame et les images du film. Quel travail exceptionnel et efficace effectué par Ludwig Wicki, habitué du genre, pour qu’aucun décalage ne soit créé. Très beau travail sur les rapports entre tutti lors de scènes sans textes et celles avec. L’ONL a parfaitement rempli son contrat quant aux plans sonores d’une partition en création et ne s’est jamais abandonné dans une certaine forme de dilettante. Le public, plus jeune pour l’occasion, a pu comprendre et saisir l’importance et la place de la musique dans un film. Parfaitement menés par la baguette énergique de Ludwig Wiki, les chanteurs du Chœur Régional Nord Pas-de-Calais ont apporté au genre une touche angoissante mais passionnante faisant découvrir à l’auditeur une face cachée de la musique du film. Sans aucune lourdeur ou forme d’épuisement, l’ONL a offert au public lillois une très belle prestation, du grand Disney qui, j’en suis sûr, amènera le jeune public à s’intéresser davantage à l’orchestre.
Ayrton Desimpelaere
Lille, Nouveau Siècle, le 26 février 2015

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