1925 était-elle l'année d'or du violoncelle ?

par

Paul Hindemith (1895-1963) : Kammermusik n°3, op. 36-2 ; Jacques Ibert (1890-1962) : Concerto pour violoncelle et orchestre ; Ernst Toch (1887-1964) : concerto pour violoncelle et orchestre de chambre, op. 35 ; Bohuslav Martinů (1890-1959) : Concertino pour violoncelle, vents, piano et percussion en do mineur, H.143. Christoph Heesch, violoncelle, Eroica Berlin, Jakob Lehmann, direction.  DDD-2018-Notice en allemand et anglais. 70'14". Genuin GEN 18613.

On se rappelle la belle prestation de Christoph Heesch aux demi-finales du CMIREB 2017 et au regret manifesté de ne pas l'avoir vu en finale. Il est cette année le lauréat du Fanny Mendelssohn Award qui en est à sa quatrième édition et qui permet à un jeune musicien qui n'a pas encore enregistré de proposer un projet original. C'est ainsi qu'il nous offre quatre concertos pour violoncelle composés en 1924 ou 1925 par des musiciens nés dans une fourchette de huit ans entre 1887 et 1895.

Nous sommes au milieu des glorieuses 1920 dans le plein espoir éphémère de l'après première guerre mondiale.

La Kammermuzik n°3 de Paul Hindemith est sous-titrée Cello-Konzert für obligates Violoncello und 10 Solo-Instrumente : flûte, hautbois, clarinette, basson, cor, trompette, trombone, violon, violoncelle et contrebasse. C'est une oeuvre d'un peu moins de vingt minutes en quatre mouvements qui frappe par sa rigueur rythmique.

Le concerto pour violoncelle et orchestre d'instruments à vents de Jacques Ibert est dédicacé au critique et musicologue Roland-Manuel. C'est l'exemple-type de l' "élégance française" tellement caractéristique du compositeur.

Le concerto d'Ernst Toch est le plus long des quatre. Pendant près d'une demi-heure, ce sont la sensibilité et l'émotion qui prédominent.

Comme celui de Jacques Ibert, le concertino pour violoncelle avec l'accompagnement des instruments à vent, piano et batterie (sic) de Bohuslav Martinů ne dure qu'une douzaine de minutes marquées du folklore tchèque et musicalement très denses.

Christoph Heesch s'adapte parfaitement aux diverses modulations de ces oeuvres, que ce soit dans leur virtuosité, leur complexité rythmique ou leurs sensibilités.

Avec ces écritures variées et raffinées pour orchestres de chambre ne comportant jamais plus de douze musiciens, nous profitons de quatre aspects innovateurs de la musique pour violoncelle concertant en 1925. 1925, c'est aussi l'année de la première du Wozzeck d’Alban Berg, de la première symphonie de Chostakovitch, de la seconde de Prokofiev, de la sixième de Nielsen ; c'est enfin le concerto en fa de Gershwin, l'Enfant et les sortilèges de Ravel ou les Intégrales de Varèse.

Pourquoi se priver de la découverte de ces "concertos intimes" rarement joués, superbes exemples d'influences multiculturelles et portés dans cet enregistrement par un des violoncellistes les plus prometteurs de la jeune génération ?

Son 9 – Livret 8 Répertoire 9 – Interprétation 9

Jean-Marie André

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