La magie du conte

par
Ravel

Maurice RAVEL *1
(1875 - 1937)
L'Enfant et les sortilèges
Fantaisie lyrique en deux parties sur un poème de Colette
Claude DEBUSSY *2
(1882 - 1918)
L'Enfant prodigue
Scène lyrique (Cantate) de Eduard Guinand
Symphonie en si mineur (Finale)
*1 Chloé Briot (l'Enfant), Nathalie Stutzmann (Maman, La Tasse chinoise, La Libellule), Sabine Devieilhe (Le Feu, la Princesse, Le Rossignol), Jodie Devos (La Chauve-Souris, la Chouette, une Pastourelle), Julie Pasturaud (La Bergère, La Chatte, l'Ecureuil, un Pâtre), François Piolino (La Théière, Le Petit Vieillard, La Rainette), Jean-François Mapointe (Le Chat, l'Horloge comtoise), Nicolas Courjal (Le Fauteuil, l'Arbre), Membres du Choeur de Radio France, Orchestre Philharmonique de Radio France, dir.: Mikko Franck
*2 Karina Gauvin (Lia), Roberto Alagna (Azaël), Jean-François Lapointe (Siméon), Orchestre Philharmonique de Radio France, sir.: Mikko Franck
2017-43'16'' + 45'38''- Textes de présentation et textes chantés en français et en anglais-Erato 0190295896928

Voici que paraissent quasi en même temps les enregistrements de l'oeuvre magique de Ravel sous la conduite de Stéphane Denève avec l'Orchestre symphonique de la SWR de Stuttgart et celui-ci, en "live" depuis l'auditorium de Radio France à Paris. C'était le 15 avril 2016. Mikko Franck avait, vous pouvez le constater à la lecture de ce chapô, réuni un plateau de choix augmenté des membres du Choeur de Radio France tout aussi au diapason du plateau. C'était un moment de grâce ! On connaît l'origine de cette "fantaisie lyrique" sur un poème de Colette créé à Paris en 1926. L'enfant rageur, l'enfant méchant détruit tout ce qu'il touche. Et puis, les objets parlent, les animaux philosophent, "pour dire sous leur masque de simplicité quelques vérités sur la difficulté à grandir, à aimer, que l'on soit une théière, une horloge, une libellule ou un écureuil, sans la protection de l'infinie bonté de Maman" nous dit le livret. Ravel a pénétré ce texte au plus intime dans un mélange de styles et d'époques, de Bach à lui-même. Mikko Franck fait ici un travail d'orfèvre des atmosphères et des timbres, une féérie de couleurs incisives s'infiltrant dans leurs plus petits détails. De ludiques onomatopées s'ajoutent ci-et-là ; on est au coeur de l'enfant, de ses peurs, de ses cauchemars et, dans un tempo plus étiré, il revient à la Vie. On baigne dans la magie.
Plus rare au disque, L'Enfant prodigue de Debussy, la cantate avec laquelle Debussy obtint le Grand Prix de Rome en 1884, après avoir été classé 2e avec Les Gladiateurs l'année précédente. Un tout autre enfant puisqu'il s'agit ici du retour d'Azaël au sein de sa famille, Lia et Siméon. Tenant compte de ce qui avait déplu dans Les Gladiateurs, Debussy recourt ici à des procédés à la mode de Gounod, Delibes, et même Meyerbeer. Une oeuvre de jeunesse magnifiquement défendue par un trio de rêve dont le Siméon de Jean-François Lapointe déjà présent dans l'oeuvre de Ravel aux côtés de Roberto Alagna et Karina Gauvin. En "bonus", la Symphonie en si mineur, en fait un seul mouvement, envoyé à Madame von Meck, l'égérie de Tchaikovski, également une oeuvre de jeunesse qui ne fut révélée qu'en 1933 dans l'orchestration de Colin Matthews.
C'est bien sûr L'enfant et les sortilèges qui constituent la pièce maîtresse de ce double CD, les deux oeuvres de Debussy intervenant davantage à un usage documentaire. Un Ravel à mettre aux côtés de celui d'Ernest Ansermet récemment reparu chez Decca (voir notre article Ansermet et la musique française) ou Lorin Maazel chez DG.
Bernadette Beyne

Son 10 - Livret 9 - Répertoire 8 - Interprétation 10

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