Un excellent choix musicologique

par

Wolfgang Amadeus MOZART (1756-1791)
Symphonie n°33 KV 319 en sib majeur, Sérénade n°9 Posthorn KV 320 en ré majeur, Symphonie n°35 Haffner KV 385 en ré majeur, Sérénade n°7 Haffner KV 250 en ré majeur
ACADEMY OF ST. MARTIN-IN-THE-FIELD - dir.: Iona Brown
2012 – DDD - 58’51’’ et 73’05”-Textes de présentation en anglais, allemand-Hänssler Classic SCM – CD 94.613

Hänssler classic a choisi pour ce double disque deux symphonies et deux sérénades de Mozart. Une sélection particulièrement intéressante d’un point de vue musicologique. Pour commencer, la Symphonie n°33 KV 319 en sib majeur (1779) en directe association avec la Sérénade n°9 Posthorn KV 320 en ré majeur (1779): c’est une période importante pour Mozart, revenu à son ancien poste à Salzbourg; il est déprimé par un amour impossible avec Aloysia et il est toujours plein de haine pour son employeur, le Comte Colloredo. C’est seulement en 1781 et à Vienne que Mozart se libèrera de toute autorité et assumera son indépendance. Ensuite, ce sont la Symphonie n°35 Haffner KV 385 en ré majeur et la Sérénade n°7 Haffner KV 250 en ré majeur qui forment un binôme. La première, composée en 1782, prend également place dans une histoire complexe : c’est la fameuse période où Mozart épouse Constance Weber contre l’avis de Léopold, son père. Il reçoit alors une commande de Sigmund Haffner, Maire de Salzbourg, qui souhaitait une Sérénade pour fêter son anoblissement. Le but de la sérénade était à cette époque d’accompagner ce type d’événement et se devait donc d’avoir un caractère joyeux, animé et léger. Malheureusement pour Mozart, Haffner finira par annuler sa commande et le compositeur oubliera la partition qu’il ne sortira qu’en décembre de la même année pour un concert. Légèrement modifiée, elle gardera son esprit de sérénade. Rappelons qu’en 1776, Mozart avait déjà écrit une Sérénade (n°7 KV 250) pour le mariage d’Elisabeth Haffner.
La violoniste et chef d’orchestre britannique Iona Brown (1941-2004) nous offre, avec l’Academie of St. Martin in the Fields, une version dynamique et pleine d’énergie pour chacune des œuvres. Il y a un vrai travail sur les phrasés, les respirations. On ne tombe à aucun moment dans du Mozart agité ou trop dans la dentelle. La chef trouve de très bons plans sonores avec une masse orchestrale homogène et, dans les passages rapides, les attaques sont d’une grande précision. Dans lkes passages plus lents (Andante), on savoure les phrases lyriques, un beau légato sans lourdeur. On savoure aussi l’intimité ménagée entre deux mouvements rapides. Les menuets sont toujours dansants, sans lourdeur, et les derniers mouvements brillants. Brown dirige l’orchestre avec aisance et assurance et lui communique fougue, l’enthousiasme et vitalité.
Plus légères, les Sérénades trouvent ici toute leur signification. On y goûte la légèreté, la qualité mélodique et technique de chaque instrument, particulièrement les vents, et la précision des phrasés tout en gardant une belle énergie d’ensemble.
On ne s’ennuiera jamais. Un excellent choix musicologique et une très belle version de ces quatre grandes œuvres. A écouter.
Ayrton Desympelaere

Son 10 - Livret 5 - Répertoire 10 - Interprétation 10

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