A la découverte de la Kammerakademie de Potsdam

par
Kammerakademie Potsdam

© Elmar Schwarz

Dans le cadre de sa saison ‘Classics’, le Service culturel Migros accueille pour la première fois la Kammerakademie de Potsdam qui entreprend actuellement une longue tournée faisant escale en Suisse, en Allemagne, à Anvers, Lyon, Vienne et Zagreb. Cette formation de haut niveau fête sa quinzième année d’existence en s’imposant comme le principal orchestre de chambre du Brandebourg.
Cette série de concerts est dirigée par l’un de ses invités réguliers, le chef anglais Trevor Pinnock qui recherche d’abord finesse et ductilité de phrasé dans l’une des symphonies de Haydn de la période ‘Sturm und Drang’, la Quarante-Septième en sol majeur datant de 1772. Puis dans le thème et variations qui constituent l’Un poco Adagio cantabile, il use de sonorités ouatées avant de se livrer au jeu du menuet et du trio présentés comme tel puis réexposés à l’envers en commençant par la fin pour remonter jusqu’au début. Et le tout est emporté par un Presto assai nuancé de savoureuses dissonances.
Paraît ensuite le soliste bien connu sous nos latitudes, le flûtiste Emmanuel Pahud, natif de Genève et toujours premier solo de l’Orchestre Philharmonique de Berlin. Dans une sonorité tout aussi ample que veloutée, il aborde le Deuxième Concerto en ré majeur K. 314 de Mozart comme un air d’opéra développant sa coloratura à partir d’une note tenue ; puis il n’est que tristesse résignée dans l’Andante ma non troppo et verve brillante dans un finale dont le détaché entraîne un rubato subtil. Puis il nous fait découvrir François Devienne, virtuose français de la flûte et du basson de la fin du XVIIIe et son Septième Concerto en mi mineur datant de 1787. Du son épais de cavalerie lourde commis par l’ensemble de Potsdam, le soliste se détache pour livrer des ‘passaggi’ hérissés de difficultés avant de faire chanter la cantilène et de conclure par un rondò brillant.
Et le programme s’achève par l’une des grandes pages du jeune Mozart, la Vingt-neuvième Symphonie en la majeur K.201, toute de désinvolture élégante, osant le pianissimo le plus ténu dans un andante feutré, tandis qu’une nerveuse énergie innerve tant le menuet que le finale irrésistible. Se pliant à cette funeste pratique qui oblige, Dieu sait pourquoi, toute formation baroque à jouer debout, les instrumentistes auraient alors le droit de s’asseoir ! Mais soliste et chef réapparaissent pour offrir en bis une Danse des ombres heureuses de l’Orphée de Gluck, instant de grâce ineffable !
Paul-André Demierre
Genève, Victoria Hall, 30 janvier 2017

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