A Genève, une distribution vocale indigne de la "folle journée"

par

Guy Joosten

Avec le chef-d’œuvre de Mozart, l’Opéra de Lausanne a achevé, en juin, sa saison 2012-2013 ; comment expliquer que, à soixante kilomètres de distance, le Grand-Théâtre ouvre le rideau avec le même ouvrage ? Le répertoire serait-il devenu pauvre au point de tourner sur une dizaine de titres ? Le seul mérite de cette présentation émane de la mise en scène de Guy Joosten, usant du cadre d’une serre de jardin avec un Fragonard en toile de fond et des costumes années cinquante pour laisser se dérouler la ‘folle journée’ à un rythme haletant.
A la tête des Chœurs du Grand-Théâtre et de l’Orchestre de la Suisse Romande, le chef hongrois Stefan Soltesz tente, après une Ouverture désordonnée, la carte de l’accompagnement en demi-teintes pour ne pas couvrir les voix : car c’est là que le bât blesse. A part le Figaro de David Bizic, qui a la bonhommie souriante et le grain corsé du valet révolté, le reste est à l’avenant. Il est vrai qu’il a fallu remplacer au dernier moment Susanna, le Comte et Cherubino. Mais à la soubrette, Nataliya Kovalkova ne prête qu’une laideur de timbre effarante qu’elle essaie de masquer par un jeu pimpant. Maria Kataeva procède de même pour un page dont elle ne fait pas grand-chose. Imprésentable, l’Almaviva de Bruno Taddia qui cherche vainement sa voix et sa technique, ce qui explique que l’on a dû faire appel à une autre basse dès la deuxième représentation. La Comtesse de Malin Byström est aussi empruntée scéniquement que son phrasé est inexistant et que ses aigus sont laborieux. Pour sourire devant ce ‘dramma giocoso’ morose, il faut donc se réfugier auprès du trio Marcellina-Bartolo-Basilio constitué par Marta Marquez, Christophoros Stamboglis et Raul Gimenez.
Paul-André Demierre
Genève, Grand Théâtre, le 8 septembre 2013

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