A la redécouverte de l'opéra anglais du dix-neuvième siècle

par
Balfe

Michael William BALFE
(1808-1870)
Satanella, or the Power of Love, opéra anglais romantique en quatre actes
K. Wang (Rupert), Q. Hayes (Hortensius), A. Gregory (Karl), T. Bowes (Arimanes), F. Church (Bracaccio), S. Silver (Satanella), C. Tocci (Stella), C. Carby (Lelia), solistes, John Powell Singers, Victorian Opera Orchestra, dir.: Richard BONYNGE
2016-DDD-2 CD 62' 88'' et 47' 78''- Texte de présentation et argument en anglais-chanté en anglais-textes non inclus-Naxos 8.660378-79

Avec son contemporain William Vincent Wallace (1812-1865), Balfe illustre la scène lyrique britannique du XIXème siècle. Non, l'Angleterre victorienne n'était pas "Das Land ohne Musik" comme l'a écrit un méchant critique munichois en 1904. Petit à petit, on découvre le patrimoine d'une période, certes moins riche que la précédente et moins personnelle que celle qui suivit, mais qui a sa place, et témoigne de nombreux talents intéressants comme William Sterndale Bennett, Alexander Macfarren, Cipriani Potter ou Julius Benedict, sans oublier l'ineffable tandem formé par Gilbert & Sullivan. Si Wallace semble plus impressionné par le Grand Opéra à la Meyerbeer (Lurline, Maritana, tous deux enregistrés chez Naxos), Balfe se rapproche des maîtres de l'opéra-comique comme Herold ou Auber, mais aussi du bel canto italien, qui inspiraient déjà ses succès précédents, The Bohemian Girl et The Rose of Castille. Satanella, créé à Covent Garden en 1858, s'inspire du roman de Jacques Cazotte, Le Diable amoureux, paru en 1772, qui narre les amours d'un jeune homme avec une charmante demoiselle qui se révèlera être le diable, en quête d'âmes. L'opéra abonde en scènes pittoresques : pacte infernal, choeurs de pirates, intervention du roi des esprits, grand tableau du marché (comme dans La Muette de Portici), happy end avec intervention de l'orgue. Tout cela est très amusant, et se laisse écouter avec le même plaisir que semble avoir  Richard Bonynge, grand défricheur devant l'Eternel, à diriger la partition. Il y a de beaux airs à la Donizetti, avec cabalette et tout et tout, des duos dramatiques, comme celui entre Satanella et son Roi Arimanes à l'acte III, des ensembles concertants rossiniens avec choeurs (finale II) : pour tous les goûts !  Interprétation plutôt excellente, à défaut de pouvoir comparer cette première mondiale. Christine Tocci est très à l'aise dans le rôle de la princesse Stella, le ténor chinois Kang Wang évoque le Michel Sénéchal des meilleures années (romance "An angel form in dreams"), et Trevor Bowes compose un Arimanes impressionnant. Quant à la Satanella de Sally Silver, soprano familière de Bonynge, elle surmonte avec éclat les difficultés de son rôle, dont elle phrase les vocalises avec beaucoup de charme ("Ah, me, too human thou"). Une très heureuse révélation, qui nous fait revoir nos opinions sur la musique anglaise de cette époque.
Bruno Peeters

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