À la (re)découverte des symphonistes italiens

par

Alfredo Casella (1883-1947)
Italia, op. 11 - Introduzione, Corale e Marcia, op. 57 - Symphonie n°3, op. 63

BBC Philharmonic, dir: Gianandrea Noseda
2012-DDD-69'35''-Texte de présentation en anglais, allemand et français - Chandos 110768
Un beau quizz pour une soirée entre mélomanes : citer quelques compositeurs italiens de musique symphonique au XIXème siècle et au début du XXème siècle ? Les noms des compositeurs qui surgissent à l'esprit, mais ne répondent pas à la question sont les Verdi, Puccini, Mascagni, Leoncavallo, ... mais leur production symphonique n'est qu'anecdotique. On peut penser à Nicolo Paganini (1782-1840) et à ses concertos pour violon, mais n'avons-nous pas là des arias pour violon et orchestre ou à Respighi (1879-1936). Et pourtant, d'autres symphonistes italiens existent ; leurs œuvres sortent petit-à-petit de l'oubli. Que ce soient, Giovanni Sgambati (1841-1914), Giuseppe Martucci (1856-1909) ou Alfredo Casella (1883-1947) qui nous intéresse ici. Deux maisons de disques se sont maintenant lancées dans sa découverte ; Naxos qui a pris un peu d'avance avec sept CDs qui lui sont consacrés ; l'Orchestra Sinfonica di Roma sous la direction de Francesco la Vecchia y a enregistré ses trois symphonies, son concerto pour orchestre, la belle Notte di Maggio (pour voix et orchestre) et diverses œuvres concertantes pour piano et orchestre ou symphoniques en plus de son concerto pour cordes, piano, timbales et percussion, son triple concerto et son concerto pour violoncelle. Avec ce nouvel enregistrement, Chandos en est à son troisième volume ; le premier était centré sur la seconde symphonie couplée avec le Scarlattiana pour piano et orchestre, le second sur le concerto pour orchestre et la Notte alta également pour piano et orchestre ainsi que des fragments symphoniques d'un de ses opéras La donna serpente. On ne peut éviter de penser que la rhapsodie symphonique Italia qui ouvre cet enregistrement est le pendant italien des oeuvres nationalistes comme l'Iberia d'Albeniz ou le Finlandia de Sibelius. Eduqué musicalement dans la tradition française par Louis Diémer et Gabriel Fauré, Casella n'en perdait pas pour autant ses racines italiennes. Contemporain de sa seconde symphonie, cette pièce d'une vingtaine de minutes évoque diverses atmosphères italiennes (principalement siciliennes et napolitaines) et ne manque pas de nous faire sourire lorsque son finale entame le célèbre chant napolitain funiculi funicula. L'influence de Stravinsky perce dans l'Introduzione, Corale e Marcia de 1935 même si le titre apparaît inspiré par les Prélude, choral et fugue ou Prélude, aria et final de César Franck. La troisième symphonie écrite au début de la seconde guerre mondiale est une commande pour le cinquantième anniversaire du Chicago Symphony Orchestra. Elle laisse transparaître la désillusion de Casella pour le fascisme mussolinien dont il avait pourtant été partisan. Cette symphonie touche au chef d'œuvre par son bel équilibre organique qui nous évoque la complexité mahlérienne, le néoclassicisme de Stravinsky, teinté d'une touche de Prokofiev et de Chostakovitch. Noseda et le BBC Philharmonic nous donnent des versions superbes de ces compositions à (re)découvrir. On a maintenant le choix entre l'interprétation plus achevée de Noseda et du BBC Philharmonic et l'italianité plus musclée de l'Orchestra Sinfonica di Roma et de La Vecchia.
Jean-Marie André

Son 9 – Livret 10 –  Répertoire 9 – Interprétation 10

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