A la redécouverte du Geza Anda des années cinquante

par

Les enregistrements Telefunken (Berlin 1950-1951)
Robert Schumann (1810 - 1956)
Carnaval op.9, Etudes symphoniques op.13
Johann Sebastian Bach (1685 - 1750)
Partita n°2 en ut mineur    
Joseph Haydn (1732 - 1809)
Sonate pour clavier en fa majeur Hob.XVI : 23
Wolfgang Amadeus Mozart (1756 - 1791)
Sonate pour clavier en ré majeur K.5762015
Geza Anda (piano)
87’21-Textes de présentation en allemand et en anglais-Audite Historical Performances 95.720
Le nom de Geza Anda est indissolublement lié à l’enregistrement des œuvres pour piano et orchestre de Béla Bartok, réalisé entre septembre 1959 et octobre 1960 avec l’Orchestre Symphonique de la RIAS de Berlin dirigé par Ferenc Fricsay, ainsi qu’à la première intégrale des concerti pour clavier de Mozart dont il était à la fois le soliste et le chef à la tête de la Camerata Academica du Mozarteum de Salzbourg.
Paraissent pour la première fois en CD les gravures réalisées pour la Telefunken entre 1950 et 1951. Y figure d’abord une absolue rareté : l’unique captation d’une œuvre pour piano solo de Mozart, la dernière Sonate en ré majeur K.576 : présentés sans da capo, les deux mouvements extrêmes (Allegro) crépitent selon un jeu percutant trop uniforme, alors que l’Adagio respire plus librement sous un voile de tendresse attristée. Dans la même clarté de ligne imperturbable est négociée la Sonate en fa majeur Hob.XVI : 23 de Joseph Haydn, d’une froideur quelque peu distante. Avec la solennité d’un choral pour orgue, débute la Deuxième Partita en ut mineur BWV 826 de Bach, développée ensuite avec une régularité d’articulation qui laisse affleurer, dans les mouvements de danse, une limpidité de coloris tout aussi inattendue.
Beaucoup plus intéressante s’avère l’interprétation des deux grands cycles de Schumann, le Carnaval op.9 et les Etudes symphoniques op.13. Avec fougue et aplomb est abordé le premier qui nous livre quelques bizarreries comme un "Arlequin" et une "Valse allemande" claudiquant sur des points d’interrogation, un "Eusebius" pondéré dans ses élans ou un "Florestan" léger jusqu’à en être superficiel. Mais l’évocation de "Chopin" est un oasis de lyrisme au même titre que l’"Aveu", d’une émotion retenue. Et finalement est à marquer d’une pierre blanche l’exécution des Etudes symphoniques, deuxième des quatre versions laissées par le pianiste, à la suite d’une première de mars 1943 publiée par DG. L’extrême précision du toucher suscite un phrasé éloquent des divers états d’âme. Et l’on perçoit aisément que ce recueil ait constitué l’un des chevaux de bataille du pianiste hungaro-suisse, disparu prématurément à l’âge de cinquante-quatre ans.
Paul-André Demierre

Son 4 - Livret 9 - Répertoire 9 - Interprétation 7

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