À l'écoute de Dvořák, jeune tchèque et américain mature

par

Antonín Dvořák (1841-1904)
Quintette à cordes en sol majeur, op. 77
Quatuor à cordes en fa majeur, op. 96 "américain"

Leipziger Streichquartett (Stefan Arzberger et Tilman Büning, violons, Ivo Bauer, alto et Matthias Moosdorf, violoncelle), Alois Posch, contrebasse
2013-SACD-59'01''-Texte de présentation en anglais, français et allemand - MDG 907 1847-6
Que l'on ne s'y méprenne pas ; le numéro d'opus 77 est trompeur ! C'est bien d'une oeuvre de relative jeunesse qu'il s'agit, primée en 1875 par l'association d'artistes Umelecká Beseda et reprise dans le catalogue du compositeur sous le numéro d'op. 18. C'est l'éditeur Simrock qui le publiera en 1888 comme l'opus 77, laissant croire par là qu'il s'agissait d'une nouvelle oeuvre de Dvořák, au grand dam de ce dernier.
Le quatuor "américain" date de 1893. Il aurait aussi bien pu être intitulé "pastoral" comme la symphonie éponyme de Beethoven de la même tonalité de fa majeur. Ecrit pendant un séjour en Iowa, il évoque l'atmosphère des champs et des forêts de cet état américain ; dans le troisième mouvement, le violon imite le chant d'un oiseau que le compositeur avait noté dans une de ses promenades. Comme le dit très bien Leonard Bernstein, la musique "américaine" de Dvořák, que ce soit sa symphonie "du nouveau monde" ou ce quatuor op. 96 sonne plus tchèque qu'américaine. Le Leipziger Streichquartette nous avait déjà donné chez le même éditeur deux belles versions d'autres quintettes de Dvořák, avec Christan Zacharias au piano pour l'op. 81 et Hartmut Rhode à l'alto pour l'op. 97. Ici, c'est au contrebassiste très recherché Alois Posch qu'ils font appel. La prise de son réalisée par l'éditeur MDG dans l'abbaye de Marienmünster en Rhénanie-du-Nord-Westphalie accentue le lyrisme et la chaleur de ces deux superbes interprétations qui méritent leur place dans toute discothèque consacrée au maître tchèque.
Jean-Marie André

Son 10 – Livret 8 – Répertoire 10 – Interprétation 10

 

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