Adams au sommet

par

0126_JOKERJohn ADAMS (° 1947)
The Gospel According to the Other Mary
Kelley O’CONNOR (mezzo soprano), Tamara MUMFORD (mezzo soprano), Russell THOMAS (ténor), Daniel BUBECK (contreténor), Brian CUMMINGS (contreténor), Nathan MEDLEY (contreténor), Los Angeles Master Chorale, Los Angeles Philharmonic, dir. : Gustavo DUDAMEL DDD-2014-71’ 10’’ et 61’ 53’’-Texte de présentation et livret en anglais-Deutsche Grammophon 479 2243 Créé en mars 2013 à Los Angeles, The Gospel According to the Other Mary est la septième œuvre lyrique de l’Américan John Adams née de sa collaboration avec son compatriote Peter Sellars – collaboration des plus stimulantes et des plus fructueuses commencée en 1987 avec Nixon in China, qui a connu un large succès. Il s’agit en réalité d’un oratorio dont le livret a été conçu par Peter Sellars sur divers textes tirés de l’Ancien et du Nouveau Testaments et d’œuvres poétiques d’auteurs tels que Dorothy Day, Ruben Dario, Hildegard von Bingen ou encore Primo Levi. Un montage en quelque sorte. À moins qu’il ne faille carrément parler de collage, tous ces textes se suivant se répondant dans une sorte de tragédie à la fois sacrée et profane autour des figures emblématiques de Marie Madeleine, de sa sœur Marthe et de Lazare. Tous les mélomanes connaissent John Adams et savent qu’à ses débuts, il a été un adepte du minimalisme et qu’il a formé avec Steve Reich et Philip Glass un trio musical presque magique, dont on ne pourrait, de nos jours, nier l’extrême importance dans l’histoire de la musique contemporaine. Ils savent aussi que John Adams s’est par la suite fortement individualisé et que, d’une partition à l’autre, il a veillé à ne pas s’enfermer dans une esthétique rigide et contraignante. Il le prouve de nouveau ici, et on se demande même si cet oratorio ne constitue pas une date décisive dans son évolution, tant il est impressionnant, tant les nombreux morceaux qui forment son architecture sont admirablement écrits. Le chef-d’œuvre de John Adams ? Sans nul doute. Et peut-être aussi un chef-d’œuvre lyrique tout court. Faut-il ajouter que ses interprètes, à commencer par la merveilleuse Kelley O’Connor dans le rôle de Marie Madeleine, sont en tout point remarquables et que grâce à la direction du Vénézuélien Gustavo Dudamel, un des meilleurs chefs actuels, la musique de John Adams a quelque chose d’électrisant, y compris dans ses passages intimistes ? Un premier enregistrement mondial immanquable.
Jean-Baptiste Baronian
Son 10 - Livret 10 - Répertoire 10 - Interprétation 10 

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