Au coeur de la musique de chambre de Brahms

par
Brahms

Johannes BRAHMS
(1833 - 1897)
Sonates pour violoncelle et piano n° 1 opus 38 et n° 2 opus 99
Gary HOFFMAN (violoncelle), Claire DESERT (piano)
2017-DDD-55'08-Textes de présentation en anglais, français, allemand et japonais-La Dolce Volta LDV 35

S'il est au moins une raison d'écouter cet album, c'est celle de pouvoir entendre le merveilleux Amati, joué autrefois par Leonard Rose, que touche Gary Hoffman. L'instrument possède des sonorités exceptionnelles, chaudes, veloutées et chante littéralement, avec naturel, sur toute son étendue. Devant la pléthorique discographie de ces deux oeuvres, qu'ont à nous offrir le violoncelliste canadien et la pianiste française? Tous deux sont de remarquables artistes, en pleine possession de leur art et d'une connaissance approfondie de l'univers de l'auteur du Requiem allemand. Le jeu de chacun est digne de louanges; tout au plus regrettera-t-on une retenue quelque peu excessive, voire même une légère placidité, qui nuisent à l'intérêt de la narration, des caractéristiques un peu gommées, toutefois, par une grande élégance dans les phrasés. Surtout, il nous a semblé que l'osmose ne se fait pas spontanément entre les deux complices. Par moments, ils semblent évoluer dans deux univers proches mais parallèles et quelques – rares et quasi imperceptibles – micro-accrocs de synchronisation (1er mouvement de l'opus 38) viennent renforcer cette impression. Il est vrai que, habitués que nous sommes à entendre depuis toujours ces deux piliers du répertoire, on en serait presque venu à oublier combien ces partitions sont difficiles et exigeantes sur le plan technique et leur écriture magnifique mais touffue ne facilite pas la symbiose indispensable entre les deux parties. Et bien sûr, il est difficile de faire abstraction d'Antonio Janigro, Emmanuel Feuermann, Enrico Mainardi, Gregor Piatigorsky, Janos Starker, Ludwig Hoelscher, Pablo Casals, Pierre Fournier, Paul Tortelier, Zara Nelsova, Maurice Maréchal, Gaspar Cassado, Jacqueline Du Pré, Mstislav Rostropovitch ou Daniil Shafran, pour n'en citer que quelques-uns parmi les plus prestigieux, qui nous ont fait découvrir ces deux joyaux sous toutes leurs facettes, parfois à plusieurs reprises (au moins sept pour Fournier dans la 2ème sonate !). Que retiendra-t-on, dès lors, de ce nouveau disque? Avant tout une séduction immédiate grâce à l'instrument d'Amati, grâce aussi au charme du toucher de Claire Désert, et la certitude d'entendre le résultat d'un travail sérieux, fruit d'une collaboration de deux musiciens particulièrement attachants, même si la comparaison avec les « grands anciens » peut se révéler quelque peu douloureuse. Quoi qu'il en soit, voici une version moderne plus que présentable, que l'on conseillera sans hésitation. Mais que cela ne dispense personne de remonter le passé jusqu'aux légendes citées ci-dessus.
Bernard Postiau

Son 10 - Livret 10 - Répertoire 10 - Interprétation 9

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