Au coeur de l'Allemagne protestante

par
Bach Goerne

Jean Sébastien BACH
(1685 - 1750)
Cantates BWV 56 et 82-Cantate BWV 21: sinfonia-Concerto pour hautbois d'amour BWV 1055
Matthias GOERNE (baryton), Katharina ARFKEN (hautbois), Freiburger Barockorchester, dir.: Gottfried VON DER GOLTZ
2017-DDD-56'41-Textes de présentation en français, anglais et allemand-Harmonia Mundi HMM 902323

C'est la deuxième fois que Matthias Goerne aborde au disque les célèbres cantates BWV 56 et 82 du cantor de Leipzig, les deux seules destinées à une basse soliste seule. En 1995-1996 chez Decca, sous la direction de Roger Norrington, la juvénilité de l'artiste emportait l'adhésion. Vingt ans plus tard, l'approche est beaucoup plus sobre et sereine mais, également, chargée d'un poids émotionnel davantage présent qu'alors, le poids de toute une existence passée; une image véhiculée, par ailleurs, dans le texte de la BWV 56. A propos de celui-ci, il a été récemment découvert que les livrets des deux cantates, ainsi que de quelques autres composées à la même époque, seraient dus à un étudiant en théologie, devenu par la suite pasteur à Nüremberg: Christoph Birkmann. Les écrits de ce dernier font état de ses rencontres avec Bach, à la disposition duquel il sembla se tenir pendant tout le temps d'une collaboration que l'on devine très riche. Le baryton allemand se montre à la hauteur de sa réputation et l'on regrettera seulement une palette expressive à notre avis toujours un peu limitée en dépit d'une maturité et d'une compréhension plus remarquables que jamais. Les merveilleuses interventions solo du hautbois constituent un fort judicieux trait d'union avec la pièce qui nous est proposée ensuite: une version reconstituée du concerto pour clavecin BWV 1055, dont le caractère particulièrement mélodieux peut laisser penser qu'il fut à l'origine destiné à un hautbois d'amour. Cette idée est concrétisée au mieux grâce au talent de Katharina Arfken, véritablement en état de grâce dans le mouvement lent. Nous la retrouvons ensuite, ainsi que Matthias Goerne, pour la BWV 82 dont l'aria d'entrée, Ich habe genug, fait dialoguer le hautbois et le chanteur dans ce qui reste l'une des pages les plus merveilleuses et étreignantes du compositeur. Le travail de Gottfried von der Goltz, lequel avait ouvert le programme avec la très belle sinfonia de la BWV 21, est tout en discrétion et en simplicité, toujours en parfait soutien de ses deux solistes. La discographie surabondante nous interdit d'établir un douteux podium mais la sobriété, l'intériorité, ce climat qui nous plonge au coeur de la Réforme luthérienne, sont rendus de manière étonnante par chacun des protagonistes. L'ensemble invite à l'introspection et la réflexion sur un ton grave mais ô combien intense. Un très beau disque.
Bernard Postiau

Son 9 - Livret 9 - Répertoire 10 - Interprétation 10

 

 

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