Beauté et émotion: Chostakovitch au sommet

par

0126_JOKERDimitri CHOSTAKOVITCH (1906-1975)
Concerto pour violoncelle n° 1 opus 107-Sonate pour violoncelle et piano op. 40-Moderato pour violoncelle et piano
Emmanuelle BERTRAND (violoncelle), BBC National Orchestra of Wales, dir.: Pascal ROPHE, Pascal AMOYEL
2012-DDD-63'07-Textes de présentation en français, anglais et allemand-Harmonia Mundi HMC 902142
Le premier concerto pour violoncelle de Chostakovitch a toujours été très phonogénique mais il y avait certainement place pour une nouvelle référence moderne. Depuis Rostropovitch, dédicataire et créateur de l'oeuvre en compagnie de Evgeny Mravinsky en octobre 1959, qui l'enregistra dans la foulée avec Eugène Ormandy et, plus tard, avec Rozhdestvensky et Svetlanov (à au moins deux reprises), Sadlo, Tortelier, Schiff ou Mork, par exemple, on n'avait plus eu de version vraiment enthousiasmante. L'assez récent Moser (2011, Hänssler), par exemple, nous avait laissé sur notre faim. Cette nouveauté comble toutes nos espérances: sur un splendide violoncelle de l'excellent luthier français Jean-Louis Prochasson, Emmanuelle Bertrand, élue artiste de l'année 2011 par les auditeurs de France Musique, investit cette musique avec une aisance et une évidence confondantes. Chaque inflexion est parfaite, la chaleur du jeu donne tout le relief souhaité à cette merveilleuse musique. Ecoutez par exemple le troisième mouvement, Cadenza: son généreux vibrato y magnifie l'intense humanité de cette page bouleversante. Incisif, nerveux, précis, Pascal Rophé, de son côté, insuffle à son orchestre, en grande forme, une vie bouillonnante à laquelle répond toujours le lyrisme de toute beauté de la violoncelliste. Celle-ci nous gratifie en prime d'une version totalement aboutie de la sonate qui, elle aussi, ne pouvait que bénéficier d'une nouvelle gravure de haut niveau. Presque fauréenne dans l'introduction de son allegro initial, elle laisse apparaître peu à peu le caractère si particulier de la musique de Chostakovitch, celui de ses oeuvres les plus « osées », de Lady Macbeth de Mzensk entre autres. Brillant dans un récent disque Alkan, Pascal Amoyel lui donne la réplique dans un esprit de totale complicité. Le Moderato offert en cerise sur ce si bon gâteau, peut-être un appendice à la sonate, est une rareté qui n'apprend rien de neuf mais se laisse écouter avec beaucoup d'intérêt. Un très grand disque Chostakovitch.
Bernard Postiau

Son 10 - Livret 10 - Répertoire 10 - Interprétation 10

 

Les commentaires sont clos.