Belles retrouvailles avec le Quatuor de Jérusalem à Flagey

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On ne se lasse jamais d’entendre le Quatuor de Jérusalem, d’autant que les œuvres proposées par les musiciens israéliens au public nombreux de Flagey avait de quoi satisfaire les plus exigeants.

Entamant la soirée par le quatuor op. 76 n°1 de Haydn, l’ensemble hiérosolymitain se mit immédiatement au diapason de cette musique si pleine d’esprit, de finesse et de gaîté dans les mouvements lents et sut parfaitement rendre la profondeur sans emphase de "l’Adagio".

Il est impossible de tarir d’éloges sur les qualités de perfection technique individuelle et collective des interprètes, pas plus que sur leur fine musicalité et la façon dont il savent construire une interprétation. Le Deuxième Quatuor op. 68 n’est pas le plus fréquemment exécuté de Chostakovitch, mais on n’eût pu souhaiter de plus parfaite interprétation que celle des Hiérosolymitains, qui abordèrent “l’Ouverture” avec une ampleur véritablement symphonique, alors que le deuxième mouvement, “Récitatif et Romance”, renvoyant à l’ancienne tradition du quatuor brillant, voyait le premier violon Alexander Pavlovsky assumer son rôle de soliste avec autant de technique que de pureté de phrase et rendre parfaitement le mélange de sentiment et d’ironie voulu par le compositeur. On relèvera aussi la “Valse” (remplaçant ici le Scherzo attendu) qui passa d’une musique fantomatique (jouée avec sourdine) pour se poursuivre par une palpitante course à l’abîme avant de s’assagir. Dans le “Thème et variations” qui clôt l’œuvre, le thème Adagio fut présenté avec une belle éloquence, alors que les variations alternaient entre un prenant lyrisme ou des épisodes au mordant féroce si typique de Chostakovitch avant de s’achever sur un magnifique soliloque final magnifiquement rendu par l’altiste Ori Kam (qui avait par ailleurs troqué la traditionnelle partition sur papier pour une tablette).

Le Quintette pour piano de Schumann est bien sûr un de ces chefs-d’œuvre dont on ne se lasse jamais, et encore moins lorsqu’il est aussi bien interprété qu’il le fut ici par le Quatuor de Jérusalem et le pianiste israélien Matan Porat -adepte lui aussi de la tablette- qui, bien que formé à la Juilliard School, impressionna par un jeu d’une clarté et d’une transparence toutes françaises. On applaudira “l’Allegro brillante” initial rendu d’un seul jet, la Marche jouée avec une émotion aussi réelle que retenue, l’homogénéité et le brillant des musiciens dans le “Scherzo et le Finale” plein de vie et sans lourdeur. La musique de Schumann réclame, plus que de la virtuosité, de la poésie – et il fut parfaitement servi par ces musiciens d’exception qui remercièrent le public de son accueil chaleureux par un “Scherzo” du Quintette pour piano de  Dvořák brillamment enlevé.

Bruxelles, Flagey, 12 novembre 2018.

Crédit photographique :  Felix Broede

 

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