Bons baisers de Bayreuth par Christophe Looten

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Deux ans après son ouvrage Dans la tête de Richard Wagner qui avait eu un Joker de Crescendo, Christophe Looten prolonge l'étude du Wagner tel qu'en lui-même par l'étude de ses lettres. 8713 lettres du compositeur nous sont parvenues, mais seule une petite partie de celles-ci étaient disponibles au lecteur francophone et se limitaient à la correspondance avec Louis II de Bavière, Franz Liszt et d'autres documents incomplets à la traduction vieillie. Et pourtant, ses correspondants étaient nombreux : des compositeurs -outre Liszt, Mendelssohn, Berlioz, Meyerbeer,...- des interprètes, des écrivains, des éditeurs, des penseurs, des femmes aimées,... Les 150 lettres minutieusement choisies par l'auteur sont mises en situation et nous éclairent sur "la lente édification de Bayreuth, la mise au point du drame musical, le compositeur amoureux, le musicien allemand ignoré par la société parisienne du Second Empire, le réfugié politique, le prodigue fuyant ses créanciers, l'artiste comblé par le roi de Bavière, le refondateur du théâtre habile à s'entourer d'admirateurs dévoués à l'idéal qu'incarne sa musique, le Richard vivant, tour à tour léger et familier, séducteur, prophète, manipulateur ou courtisan" nous dit l'auteur, et cela, depuis le petit maître de chapelle au proscrit, puis de l'exilé politique condamné à mort en Saxe au maître tout-puissant installé à Bayreuth, en passant par ses exils parisiens et ses séjours en Suisse. Décidément un être complexe dont Christophe Looten, lui-même compositeur, cherche à saisir les parts d'ombre et de lumière. Un excellent complément au premier ouvrage cité plus haut.
Bernadette Beyne
2013, Editions Fayard, 403 pages, 26 €

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