Carmen "in the rain" à Avenches

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Chaque été, au début juillet, le Festival Avenches Opéra propose un ouvrage populaire en plein air. Mais cette année, le mauvais temps a réservé un triste sort à la production de ‘Carmen’ ; et, à ma connaissance,  deux représentations (dont la première) ont dû être annulées. Quel dommage alors que la mise en scène d’Eric Vigié, directeur de la manifestation, est d’une rare efficacité, transposant l’action dans les années soixante, sans coup férir ! Le décor de Jean-Marie Ablanalp consiste en une façade semi-sphérique entourée d’un escalier, donnant accès à la fois à la manufacture de tabac, à l’auberge de Lilas Pastia, au repaire des contrebandiers auquel on parvient par camion et à l’entrée des arènes. Les costumes conçus par Cornejo Madrid et Eric Vigié jouent sur les tons sombres, alors que le dernier tableau contraste par un bariolage éclatant. Sous la baguette d’Alain Guingal, l’Orchestre de Chambre de Lausanne manque singulièrement de panache et de volume pour une surface aussi grande, tandis que le chœur d’enfants ‘Les Marmousets’ de Fribourg et le Chœur de l’Opéra de Lausanne sont d’une louable précision. Sur scène, Béatrice Uria-Monzon "est" Carmen, tant ce rôle lui colle à la peau après vingt ans de pratique régulière ; entachée d’un vibrato large en début de représentation, la voix se libère rapidement dès la séguedille pour laisser sourdre les mille facettes de la séduction provocante.  Face à elle, le ténor canarien Jorge de Leon campe les José matamores mais paraît peu crédible, tant son français est zézayant. Plus convaincante est la Micaëla de la sévillane Rocio Ignacio, touchante dans sa détermination. Franck Ferrari aurait la bravade plastronnante d’Escamillo, si l’aigu n'était pas en aussi mauvais état. Dans les seconds plans tirent leur épingle du jeu Maria Rey-Joly (Frasquita), Camille Merckx (Mercédès), Marc Mazuir (El Dancairo), Francisco Vas (El Remendado) et Jérémie Brocard, élégant Zuniga.
Paul-André Demierre
Avenches, le 11 juillet 2014

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