Au Concert

Les concerts un peu partout en Europe. De grands solistes et d’autres moins connus, des découvertes.

Stanislav Kochanovsky triomphe à l’OPMC 

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Ce concert d’abonnement de l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo sous la direction de Stanislav Kochanovsky nous permettait d'entendre une partition rarement jouée.  Ainsi, c'est un bonheur de pouvoir découvrir au concert la Suite n°3 de Tchaïkovski. Le musicien n'envisageait pas de composer une autre symphonie après l'immense succès de sa Symphonie n°4. Il mettra près de onze ans avant la naissance de sa  Symphonie n°5. Il composa néanmoins toute une série d'oeuvres orchestrales dont cette Suite n°3 d’une dimension symphonique de près de 45 minutes  Tchaïkovski aimait la liberté de s'étendre là où son cœur et son âme le conduisent et les mouvements associent et alternent de subtiles colorations orchestrales, une mélodie heureuse,  des chansons populaires russes, des variations. Le "Scherzo-Presto" est un des mouvements les plus fantastiques de Tchaïkovski, par son ton à la fois léger et ludique.

Arcadi Volodos en récital à Monte-Carlo

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C'est dans le cadre de la série "Grande Saison - Récitals" que l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo a invité Arcadi Volodos. Le pianiste se présente en Principauté précédé de son immense réputation et à la tête d’une prestigieuse discographie caractérisée par une technique immaculée, son et phrasés magnifiques, virtuosité, sensibilité, musicalité, enthousiasme tout y était ! 

Cependant le récital à Monte-Carlo n'a pas répondu aux attentes. La salle Rainier III est plongée dans la pénombre. Il n'y a qu'un léger éclairage sur le piano : même ambiance choisie par Sviatoslav Richter et par Grigory Sokolov. Volodos commence son récital par la Sonate en fa dièse mineur de Muzio Clementi. Un petit bijou d’un caractère romantique avant l’heure. Du premier mouvement subtil au tumultueux "Presto final" en passant par le "Lento e patetico" empreint d'un climat funèbre et dont les dissonances douloureuses font penser à Chopin. Volodos déploie une palette de nuances et de couleurs superbes, des pianissimi parfois aux confins du silence, il prête attention aux moindres détails. Son jeu est très raffiné.

Festival de Pâques de Deauville 100 % numérique

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Le Festival de Pâques de Deauville s’adapte au contexte sanitaire en mettant en place une édition numérique. Les cinq concerts maintenus sur neuf initialement prévus sont transmis en directe sur plusieurs plateformes de vidéo et d’audio, offrant ainsi aux musiciens des occasions de jouer dans la salle Elie de Brignac, qui a vu tant de jeunes talents débuter et s’épanouir depuis 25 ans. Les 24 et 25 avril ont eu lieu les 2e et 3e concerts du Festival, et chaque soirée a proposé un programme mêlant des œuvres connues et méconnues.

Paris-Espagne

Le concert du 24 avril est consacrée au thématique Paris-Espagne, avec des compositions de Ravel, de Falla et Infante qui ont tous choisi Paris comme lieu d’activité. La harpe et la voix sont particulièrement mises en avant dans la majeure partie de ce programme. La harpiste Coline Jaget est la protagoniste de l’Introduction et Allegro pour flûte, clarinette, harpe et quatuor à cordes, pièce que Ravel a composée sur une commande de la firme Erard qui lançait un instrument à pédales à double action. La finesse et la volonté sont les deux mots qui nous reviennent souvent en écoutant la harpiste qui explore brillamment toutes les possibilités proposées par cette partition fascinante. Mathilde Caldelini (flûte) et Amaury Viduvier (la clarinette) sont en totale harmonie avec Jaget dont le jeu est délicieusement mis en relief avec les cordes talentueuses : Shuichi Okada et Perceval Gilles (violon), Paul Zientara (alto) et Adrien Bellom (violoncelle).

La mezzo soprano Adèle Charvet chante son répertoire de prédilection : la mélodie. Psyché pour voix, violon, alto, violoncelle, flûte et harpe et deux extraits des Siete canciones populares espanolas (Jota et Nana) ainsi que les Trois poèmes de Stéphane Mallarmé du même Ravel nous offrent des occasions d’apprécier son timbre chaleureux et charnu. Si les aigus ne constituent pas son point fort, elle les tourne intelligemment, de manière à ce que cela crée un contraste avec son medium bien assis. La partie de piano de Jota et de Nana est tenue par la harpe seul, les cordes pincées rappelant celles de la guitare, alors que la cantatrice s’assied pour les chanter, comme on le ferait dans un salon, entouré d’êtres proches, ou dans la rue, devant les passants.

Passage de relais au Printemps des Arts 

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Le Printemps des Arts 2021 de Monte-Carlo se termine avec un week-end contrasté dans son affiche. Le public ne peut que ressentir un pincement au coeur avec le départ du compositeur Marc Monnet de la direction artistique du Festival monégasque, qui passe le relais à son confrère Bruno Mantovani. 

Deux récitals de clavecin au Musée Océanographique étaient au programme de la première journée. Le projet "Musique française pour clavecin du XVIIe et XVIIIe siècles" était prévu l'année passée. C'est le seul projet avec les récitals d'Aline Piboule et de Marie Vermeulin qui a pu être reporté, car la programmation 2021 était déjà bouclée.

Olivier Beaumont est un merveilleux claveciniste et tout est fignolé dans les moindres détails. Il nous fait voyager en une heure sur deux siècles de musique française, avec des oeuvres de Jacques Champion de Chambonnières à Claude Balbastre, en passant par des compositeurs plus connus comme Louis Couperin et son neveu François Couperin et Jean-Philippe Rameau.

De ce dernier, on écoute avec plaisir quelques airs et danses de son opéra-ballet Les Indes Galantes transcrites pour clavecin par Rameau lui-même. Après une belle ovation Olivier Beaumont offre deux bis dont les exquises Étoiles de Michel Corrette.

Le Printemps des Arts de Monte-Carlo

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Ce nouveau week-end du Festival du Printemps des Arts nous a réservé de superbes découvertes : des créations mondiales, des oeuvres de la deuxième école de Vienne, des partitions rarement jouées de Franz Liszt et de compositeurs français du début du XXe siècle.

Le concert de François-Xavier Roth avec une création mondiale de Gérard Pesson qui est cette année le compositeur en résidence du festival. Son concerto pour accordéon et orchestre Chante en morse durable est dédié à Vincent Lhermet, son interprète. C'est un enrichissement pour le répertoire de l'accordéon qui ne comporte que quelques rares concertos. Le concerto commandé par le Printemps des Arts est un véritable dialogue entre le soliste et le compositeur. Pesson a créé une musique qui est le reflet de la sensibilité et du jeu de Lhermet. Le soufflet est le coeur de l'instrument, mais aussi son poumon et son âme.

Le compositeur explore toutes les possibilités de l'instrument et nous découvrons une partition d'une intense poésie, pleine de douceur mais également virtuose, rythmée et éclatante de couleurs. L'orchestre est comme un résonateur de l'accordéon, on imagine un grand soufflet ajouté. Vincent Lhermet est fascinant, il est à la fois un virtuose accompli et un fin musicien. Avec François-Xavier Roth à la tête de l'orchestre, ils captivent le public enthousiaste.

Le printemps des Arts de Monte-Carlo 2021

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L’an passé, le traditionnel Festival du Printemps des Arts de Monaco avait été annulé à la dernière minute en raison de la crise sanitaire. Mais comme vous pouvez le lire régulièrement dans ces colonnes, la principauté monégasque est l’un des rares lieux à ne pas avoir fermé les portes de ses salles de concerts ! Le compositeur Marc Monnet, dont c’est la dernière édition à la tête du Printemps des Arts, a surmonté toutes les difficultés, y compris la tardive annulation de la venue de l'Orchestre National de France sous la direction de Daniele Gatti pour le concert d’ouverture.  Dès lors, la programmation est modifiée et les horaires des concerts permettent aux proches voisins de Monaco, les seuls à même de respecter les limites géographiques imposées par le confinement hexagonal, de rentrer chez eux avant le désormais traditionnel couvre-feu !  

Pour ce second week-end du festival, l’affiche mettait à l’honneur le pianiste Bertrand Chamayou pour une intégrale  en trois récitals sur la même journée (11h30, 14h15 et 16h) : les Années de pèlerinage de Franz Liszt.  Il y a de nombreux enregistrements de ce chef-d'oeuvre retraçant la vie de Liszt et de ses voyages en Suisse et en Italie avec Marie d'Agoult, mais il est rarement joué dans son intégralité en concert. Bertrand Chamayou l'a enregistré en 2011 (Naïve).  Si on était impressionné par l'interprétation magistrale au disque de Chamayou , on est époustouflé par sa performance en concert.  Son jeu est un mélange de sensibilité et de puissance. Le son cristallin de Chamayou dans les aigus est absolument unique. Ainsi dans “Les Jeux d'eau à la d'Este" on entend l'eau couler du piano. Et dans les morceaux forts il est brillant, virtuose et éclatant.  La palette sonore qu’il extrait du piano puise sa force dans cet élan romantique où l’âme de Liszt transparaît. 

Le troisième weekend du Festival Printemps des Arts est consacré à des compositeurs de la seconde école de Vienne : Arnold Schoenberg, Alban Berg et Anton Webern. L’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo est un partenaire du festival et ce concert symphonique sous la direction de Kazuki Yamada, son directeur musical et artistique, mettait à l’honneur  Berg et Schoenberg.  

Les Franco-Russes Festival à Toulouse

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Jusqu’au 3 avril, la troisième édition des Musicales Franco-Russes de Toulouse (www.lesmusicalesfrancorusses.fr) a bien lieu à la Halle aux Grains.
Créé en 2019 sous la direction artistique de Tugan Sokhiev, le Festival a déjà connu une existence mouvementée. En effet, si l’édition 2020 a été écourtée en raison de la pandémie, pour cette année, les organisateurs ont dû transformer l’ensemble du festival en version numérique. Sa programmation est certes allégée, mais pas l’intensité. Les quatre concerts de l’Orchestre National de Capitole de Toulouse (ONCT) diffusés en direct sur les réseaux forment le pilier de la manifestation, sans oublier des travaux de l’Académie de direction d’orchestre menée par Tugan Sokhiev et Sabrié Bekirova en partenariat avec le concours La Maestra / Philharmonie de Paris, des rencontres sur la relation entre la France et la Russie par des personnalités de différents domaines, ainsi que des conférences littéraires. Ces événements sont visibles en replay.

Le 19 mars, nous avons assisté au concert symphonique de l’ONCT à la Halle aux Grains. Le jeune chef survitaminé Maxim Emelyanychev (également claviériste) dirige sans baguette un programme Prokofiev-Attahir-Tchaïkovsky. La Symphonie classique, pour laquelle l’on met habituellement accent sur le caractère léger, presque galante, est reconsidérée par Emelyanychev comme une œuvre hyper-dynamique, débordante d’énergie. Il tire le maximum de sonorité dans chaque mouvement, jusqu’à devenir véritablement frénétique dans certains passages des mouvements rapides. Et ceux-ci sont beaucoup plus rapides que le tempo de la plupart de chefs. A dire vrai, c’est la plus rapide que nous connaissions. Le troisième mouvement est marqué par une articulation extrêmement précise ; il ne mâche aucunement les notes, va jusqu’à hacher parfois, ce qui est surprenant pour une « Gavotte », une référence indéniable à la musique de danse élégante et courtoise. Vers la fin du mouvement, les crescendi sont traités comme pour lancer des fusils ! Le final est très rythmique, et on retrouve ce sens de rythme dans la création mondiale de Benjamin Attahir.

L'Arditti Quartet à Luxembourg

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Après des mois sans musique vivante, ce n’est rien de dire l’impatience avec laquelle je me retrouve à rôder autour de la Philharmonie de Luxembourg. Dans la salle, si le public semble picorer l’espace tant la distanciation imposée les éparpille, que dire alors des musiciens du Quatuor Arditti (le renommé ensemble anglais aux 200 disques) isolés devant leurs pupitres au milieu de la grande scène ? Les circonstances, inhabituelles, nous ramènent à la qualité acoustique de l’architecture de Christian de Portzamparc : chaque instrument sonne avec précision et les applaudissements ne souffrent pas de la dissémination.

Alexandre Kantorow en récital à Monte-Carlo

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C'est avec plaisir qu'on retrouve le pianiste Alexandre Kantorow en récital à Monte-Carlo. Nous l'avions découvert en 2018 au Festival de Menton et depuis son palmarès s’est étoffé et impressionne pour ses 22 ans.  Il a été choisi cette année comme "artiste en résidence" de la saison de l'Orchestre Philharmonique de Monte Carlo et il est invité à  un récital et pour deux concerts avec l'orchestre.

Alexandre Kantorow est un merveilleux pianiste toujours à la recherche de la perfection et il possède un tempérament de feu. Pour son premier récital monégasque, il nous propose un programme passionnant de virtuosité et de sensibilité.

Brahms est un de ses compositeurs favoris et le concert commence avec les 4 Ballades op.10. Dès le début, il nous emmène au coeur de la partition avec énergie et clarté. Il anime ces légendes mystérieuses avec beaucoup de nuances et d'émotions. On est conquis par son interprétation habitée, mystique et ardente.

Hommage à Yakov Kreizberg à Monte-Carlo 

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Dix ans après son décès, le souvenir du grand chef d’orchestre Yakov Kreizberg reste très fort à Monte-Carlo, en particulier parmi les membres de l’OPMC dont tous saluent la  relation artistique aussi unique que musicalement exceptionnelle avec leur regretté directeur musical. Rappelons que le chef était également le visionnaire qui a initié la label OPMC Classics, le  label de la phalange monégasque. A la fin des années 2000, il n’était pas encore si fréquent qu’un orchestre se lance dans l’aventure et l’OPMC avait séduit les critiques par une série d’enregistrements dont la Symphonie n°5 de Mahler, un coffret consacré aux grands ballets de Stravinsky ou la Symphonie n°11 de Chostakovitch. En son honneur, la grande salle de l'Auditorium Rainier III porte désormais son nom.

Kazuki Yamada, l'actuel directeur artistique et musical et l’OPMC lui ont dédié le premier concert de l'année 2021 avec un programme romantique allemand, l’un des répertoires de prédilection du maestro russo-américain.