Scènes et Studios

Que se passe-t-il sur les scènes d’Europe ? A l’opéra, au concert, les conférences, les initiatives nouvelles.

Début prometteur du cycle Mahler à Zürich avec Paavo Järvi

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Ce samedi 3 février a lieu le concert de l’Orchestre de la Tonhalle de Zürich sous la baguette de son directeur musical, Paavo Järvi. En soliste, nous retrouvons la hautboïste espagnole Cristina Gómez Godoy. Après des enregistrements mettant Tchaïkovsky et Bruckner à l’honneur (ICMA du meilleur enregistrement symphonique de l’année 2023 pour la Symphonie n°8 de Bruckner), Paavo Järvi et l’Orchestre de la Tonhalle de Zürich s’attaquent à un des compositeurs-phares du répertoire : Gustav Mahler et ses symphonies. Paavo Järvi le considère comme un des plus grands compositeurs de musique symphonique germanique. Mahler résume à lui seul toute la musique qui l’a précédé. C’est donc dans une logique de continuité que le choix d’un nouveau cycle s’est porté sur Mahler. Ce concert, le dernier d’une série de trois, est synonyme du début de ce cycle, marquant encore un peu plus la fructueuse collaboration entre le chef estonien et la phalange zurichoise. Au programme, le Concerto pour hautbois en do majeur, KV 314 de Mozart et la Symphonie n°5 en do# mineur de Gustav Mahler.

Tout d’abord, place au Concerto pour hautbois en do majeur, KV 314 de Mozart. Cette œuvre est composée en 1777 pour son ami hautboïste Giuseppe Ferlendis, lui aussi membre de la Chapelle Royale de Salzbourg. Cette pièce en trois mouvements est considérée comme l'œuvre symphonique classique de référence pour le hautbois. La soliste du soir, Cristina Gómez Godoy, nous propose sa version de ce concerto. Son interprétation est convaincante. Elle fait preuve de musicalité avec de beaux contrastes. Le son qu’elle développe est rond et chaleureux, on dirait presque de la clarinette. Paavo Järvi et l’orchestre (évidemment en formation réduite par rapport à ce qui nous attend après) prêtent une grande attention à la soliste afin de suivre ses idées musicales. Ce concerto, réussi avec brio, est une très belle entrée en matière avant la suite du programme. En bis, nous avons droit à un sublime extrait tiré de l’opéra Orphée et Eurydice de Glück. Cristina Gómez Godoy parvient à aller chercher des pianissimos totalement bluffant, surtout au hautbois où la tâche est plus ardue qu’à la clarinette par exemple. Le public applaudit chaleureusement au bout de cette première partie.

Festival Prokofiev à Bozar 

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Plus de 70 ans après son décès, le grand Prokofiev est mis à l’honneur d’un petit festival de 3 jours au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Du jeudi au dimanche, différentes facettes du grand musicien sont ainsi illustrées avec des concerts, des conférences et même un happening avec de l'électro pour un concept présenté comme déconstruisant Prokofiev... Mais le grand intérêt de ce festival est de proposer des œuvres bien moins connues aux côtés de tubes. Certes, le public jeune et moins jeune pouvait entendre Pierre et le Loup et le Concerto pour violon n°1, mais aussi les Symphonies n°2 et n°6 ainsi que les suites du Pas d’Acier et de Chout. Au final, on pointait une majorité d'œuvres rares, voire très rares au concert. 

En ouverture d’une soirée de samedi contrastée avec un concert symphonique et un happening mêlant Prokofiev et DJ, le Antwerp Symphony Orchestra proposait la Symphonie n°6 sous la baguette d’Osmo Vänskä. La venue de l’immense chef finlandais en Belgique est déjà en soi un événement et la Symphonie n°6 est une œuvre fascinante par son ton tragique en angoissé.  Osmo Vänskä en livre une lecture noire et dramatique, d’une portée mahlérienne dans la tension qu’elle véhicule. Sa direction tend l’arc dramatique avec d’emblée un premier mouvement sombre, angoissé et traversé d’orages instrumentaux. La masse orchestrale est toujours parfaitement lisible avec une idéale mise en avant des interventions solistes (superbe vents). Le second mouvement poursuit cette tragédie avec un superbe galbe des cordes et des vents magistraux avant que le final, faussement joyeux, explose dans le cataclysme conclusif. L’Antwerp Symphony Orchestra livre une prestation magistrale tant dans ses tutti que dans ses individualités. On sent les musiciens en osmose totale avec leur chef d’un soir. 

A Genève, Un pianiste de classe : Piotr Anderszewski

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Pour sa prestigieuse série ‘Les Grands Interprètes’, l’Agence de concerts Caecilia a invité, au Victoria Hall de Genève le 30 janvier, un pianiste hors pair qui se fait rare depuis plusieurs saisons, Piotr Anderszewski.

Son programme inclut nombre de nouveautés à son répertoire mais commence par l’un de ses chevaux de bataille, la Sixième Partita en mi mineur BWV 830 de Bach. Dès les premières mesures de la Toccata, l’on retrouve cette clarté de jeu n’utilisant les pédales qu’avec parcimonie, ce qui confère une extrême fluidité aux formules en arpège s’appuyant sur des basses de grand orgue. L’Allemande se confine dans les demi-teintes pour se développer rigoureusement en incorporant les ornements à la ligne mélodique, alors que la Courante joue sur les accents alternés entre les deux mains afin d’encadrer de virevoltants passaggi. L’Aria tient du dialogue à deux voix annonçant la Sarabande voilant un insondable mystère que dissiperont la Gavotte articulant délibérément les triolets de croches puis la Gigue, véritable kaléidoscope opposant les lignes de force en un fugato policé.

Piotr Anderszewski a ensuite la judicieuse idée de mettre en parallèle trois des mazurkas de Chopin à cinq extraites de l’opus 50 de Karol Szymanowski. De ce Chopin qui n’a jamais fait partie de son répertoire d’élection, il donne une lecture singulière en s’attachant à l’opus 59 dont il laisse affleurer un rubato rêveur libérant le cantabile sur de sombres accords, quand la seconde s’embue de douces larmes qu’assèche la troisième, plus extravertie, évoquant le souvenir des jours heureux. Les cinq mazurkas composées par Karol Szymanowski dans les années 1924-1925 passent de la confidence à fleur de clavier (n.3) à la veine folklorique à la Bartók (n.7) que tempèrent la 8e par ce triste dialogue à deux voix, la 5e par sa noble progression et la 4e, véritable mazurka aux contrastes virulents.

A Lausanne, un Così fan tutte en reality show

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Pour quatre représentations, l’Opéra de Lausanne reprend la production de Così fan tutte que Jean Liermier, l’actuel directeur du Théâtre de Carouge, avait conçue durant l’automne de 2018 en faisant appel à Rudy Sabounghi pour les décors et costumes et à Jean-Philippe Roy pour les lumières. Elaboré comme un reality show de la firme Alfonso Produzione ayant pour titre La Scuola degli Amanti, ce spectacle n’a pas pris la moindre ride avec ce continuel chassé-croisé de cameramen, perchistes, régisseurs-son, script girls qui déplacent les parois coulissantes d’un loft dernier cri à grande baie vitrée donnant sur la Cathédrale La Major de Marseille et ses alentours. 

Follement éprises de leur soupirant, les deux sœurs, Fiordiligi et Dorabella, ne songent qu’à convoler en justes noces, l’une revêtant déjà la traditionnelle robe de mariée avec voile, quand l’autre opte pour un décolleté affriolant sous capeline de soie crème face à Ferrando et Guglielmo, engoncés dans leur uniforme d’officier de marine. En apartés moqueurs, Don Alfonso, le producteur-animateur, se gausse de cet exhibitionnisme tapageur en soudoyant une Despina délurée qui use du tuyau d’aspirateur à des fins grivoises ô combien suggestives. Travestis en loubards à mèches décolorées ou à crinière léonine à la Demis Roussos, les deux fiancés roulent les mécaniques pour tirer des selfies en provoquant l’hilarité du public. Et cet éclat de rire salue l’apparition du pseudo samu de service qui brandit un commutateur phosphorescent pour ranimer les deux éconduits ayant absorbé de l’arsenic à haute dose. Au deuxième acte, les masques tombent, alors que les rouages de la séduction mettent à nu la vanité des serments d’autrefois.

Ces quiproquos en cascades sont continuellement galvanisés par la direction de Diego Fasolis qui sert la partition géniale de Mozart avec une irrépressible énergie qu’il insuffle à un Orchestre de Chambre de Lausanne tout en nuances, tandis que le Chœur de l’Opéra de Lausanne en formation réduite n’intervient que depuis les loges de scène latérales.

Une si belle histoire si triste, Rusalka à Liège

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Rusalka d’Antonín Dvořák, créé à Prague en 1901, n’avait jamais encore été représenté à l’Opéra de Wallonie-Liège. C’est dorénavant chose faite, et bien faite. 

Il est vrai que cet opéra, pendant longtemps, n’a pas compté parmi les « têtes de liste » lyriques. Mais ces dernières années, on l’a en quelque sorte retrouvé et nous pouvons donc l’entendre un peu partout. Jugez-en : la saison dernière, il était à l’affiche de 38 maisons d’opéras !

Rusalka, c’est un conte dans une lignée de contes : « La Petite Sirène », « Ondine » ou encore « Mélusine ». C’est le récit d’une métamorphose sans issue. Rusalka est une nymphe des eaux désespérément amoureuse d’un prince qui vient parfois se baigner dans son lac. Pour vivre son amour, elle veut devenir un être humain. Les mises en garde de l’ondin Vodnik, le vieil esprit des eaux, sont impuissantes. Une sorcière, Jezibaba, accepte d’exaucer sa prière… mais à une terrible condition : elle en deviendra muette et, si son amour est déçu, elle sera précipitée au fond des eaux, entraînant avec elle celui qu’elle a aimé. Métamorphose accomplie, le prince, d’abord subjugué, se lasse vite de cette fiancée muette et cède aux avances insistantes de « la princesse étrangère ». Au grand désespoir de Rusalka, qui doit rentrer « chez elle ». Mais le prince comprend son erreur. Ils se retrouvent. Elle le prévient du danger. Il n’en a plus cure. Il se jette dans ses bras et meurt…

Cette histoire désespérée -mais qui n’est jamais désespérante pour nous, les spectateurs- nous atteint dans la partition magnifique d’Antonín Dvořák. Quel bonheur mélodique. Cette musique nous immerge dans les atmosphères envoûtantes du conte, que ses thèmes récurrents intensifient, densifient. Aux grands développements symphoniques succèdent de délicates séquences chambristes (harpe, hautbois, flûtes, cordes), essentielles dans l’expression et la compréhension des états d’âme des protagonistes. Cette musique-là est personnage à part entière de la tragique histoire. Et il est un peu dommage que Giampaolo Bisanti, exalté sans doute par ce « poème symphonique », en ait parfois privilégié la puissance au détriment des voix. N’empêche, ce qu’il nous a donné à entendre de cette partition, avec son Orchestre et les Chœurs de l’Opéra de Wallonie-Liège, a été un « ravissement ».

Jean-Luc Tingaud, Franck et Chausson symphonique 

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L’excellent chef d’orchestre Jean-Luc Tingaud poursuit son exploration du répertoire symphonique français. Après de précédentes parutions marquantes dont des volumes consacrés à César FRanck et Jules Massenet, il fait paraître un album consacré aux deux grandes symphonies françaises du XIXe siècle : celles de Franck et de Chausson. A cette occasion, il est au pupitre du Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin (RSB). Alors qu’il vient d’enregistrer un projet Fauré pour Naxos, il s’entretient avec Crescendo-Magazine. 

Votre nouvel album propose le couplage “classique” des symphonies françaises du XIXe siècle : celles de Franck et Chausson. Qu’est-ce qui vous a poussé à enregistrer maintenant, ces deux œuvres ? 

Après avoir enregistré plusieurs symphonies françaises -Dukas, d’Indy- d’inspiration franckiste, le moment paraissait venu d’aborder le couple parfait que forment la symphonie de Franck et celle de Chausson. Ayant beaucoup dirigé Franck en concert, j'ai mûri une interprétation qui, je l’espère, restitue la forme si unique et le détail de cette orchestration magnifique. Quant à Chausson, c’est une partition qui me fascine depuis que je l’ai découverte pendant mes études ; cela fait donc longtemps que je pense à elle !

Ces deux partitions sont des monuments de la musique symphonique française. Que représentent-elles pour vous ? 

La Symphonie de Franck est une absolue perfection formelle, une symphonie qui couronne à la fois la grande tradition germanique et la polyphonie colorée, chère à l’école des organistes français. Du point de vue thématique, la simplicité des thèmes et leur correspondance entre eux sont des éléments fascinants de cette composition ; cela rappelle bien sûr le modèle beethovenien et ce n’est pas par hasard que pendant les décennies qui ont suivi la création de la Symphonie de Franck, Romain Rolland, Paul Dukas et tant d’admirateurs l’ont appelé 'l'autre ré mineur’ en référence à la IX° de Beethoven. 

La Symphonie de Chausson est beaucoup plus influencée par Wagner que par Beethoven ; en outre elle poursuit un programme, pas nécessairement explicité par le compositeur, mais tellement exprimé dans la musique, d’élévation des ténèbres vers la lumière, de rédemption au sens wagnérien. Du point de vue formel, elle n’a pas la perfection de celle de Franck, mais on l’aime comme une œuvre tellement singulière, regorgeant d’inspirations fulgurantes et de prémonitions de couleurs impressionnistes.

La symphonie n°4 de Bruckner à Bruges avec Anima Eterna

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Ce samedi 27 janvier a lieu le concert de l’orchestre Anima Eterna Brugge au Concertgebouw de Bruges. Ils sont placés sous la direction de Pablo Heras-Casado, l’un des quatre chefs attitrés de l’ensemble. Au programme, un mastodonte du répertoire symphonique : la Quatrième Symphonie dite « Romantique » en Mib majeur d’Anton Bruckner. C’est la version révisée de 1880 qui nous est proposée ce soir. Le concert est d’ailleurs enregistré et fera l’objet d’un disque pour le label Harmonia Mundi.

Tout d’abord, quelques mots concernant Anima Eterna. Cet ensemble, créé par Jos van Immerseel en 1987, est un orchestre à projets se réunissant six fois par an. Leur but est de travailler rigoureusement et de manière historiquement informée des pièces du répertoire. Ils se sont notamment démarqués avec un cycle sur les symphonies de Beethoven ou encore grâce à des œuvres de Mozart et Schubert. Anima Eterna propulse dans le présent la musique écrite entre 1750 et 1945 grâce à son étude des sources historiques. L’orchestre est composé de musiciens internationaux. Il n’y a pas d’auditions pour entrer dans cet orchestre puisque les musiciens sont choisis sur la base des affinités artistiques.

Avant que l’orchestre n’entre sur scène, une présentation a lieu afin de présenter le projet et le but de celui-ci. Nous apprenons ainsi que l’orchestre joue sur des instruments historiques de l’Europe centrale. Le présentateur fait venir sur scène quatre membres de la section de cuivres afin d’expliquer quels instruments ils ont choisis et pourquoi ils les ont choisis.

Jeanne Leleu : découverte d’une nouvelle pépite musicale

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Enfin un projet discographique qui a du sens ! Militant, engagé, averti et surtout jamais réducteur. Projet où au lieu de vagues discussions terminologiques de type « faut-il dire femme compositeur ou compositrice ? », les paroles laissent place à l’action. Lancé en 2022, le label La Boîte à Pépites compte déjà sa troisième parution monographique autour de compositrices oubliées (après les coffrets déjà salués par la critique, dédiés à Charlotte Sohy et Rita Strohl). En ce début d’année, notre attention est portée vers Jeanne Leleu (1898-1979).

Lors du concert organisé dans le cadre de la troisième saison musicale européenne de la Bibliothèque nationale de France et de Radio France (en partenariat avec Elles Women Composers, le label La Boîte à Pépites et France Musique), il a été enfin possible de découvrir l’immense talent de la compositrice Jeanne Leleu. En 1923, elle est la troisième femme (après Lili Boulanger et Marguerite Canal) à recevoir le grand prix de Rome.

Présenté par Héloïse Luzzati, violoncelliste fondatrice du label La Boîte à Pépites, et ses amis musiciens (Marie-Laure Garnier, Alexandre Pascal, Léa Hennino et Célia Oneto Bensaid), le concert a proposé un portrait biographique et sonore de la compositrice, tout en contextualisant sa vie, les étapes importantes de sa carrière ainsi qu’en mentionnant les personnalités importantes qu’elle a rencontrées durant sa vie. Élève de Marguerite Long en piano au Conservatoire de Paris et l’une des deux créatrices de Ma Mère l’Oye de Maurice Ravel en 1910 (seulement à l’âge de 11 ans !), Jeanne Leleu se met à la composition dès son plus jeune âge et obtient le premier prix de composition en 1922.

Eivind Gullberg Jensen, retour gagnant à l'OPMC

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C'est avec plaisir que l'on retrouve le chef d'orchestre norvégien Eivind Gullberg Jensen à la tête de l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo., dans un programme transfrontalier dynamique et coloré qui nous mène au fil des courants de la mer baltique.  Eivind Gullberg Jensen nous avait laissé un souvenir impérissable de la Symphonie n°1 "Titan" de Mahler. 

L'ouverture Hélios du compositeur danois Carl Nielsen est un petit bijou symphonique impressionniste, décrivant le mouvement du soleil dans le ciel. "Silence et ténèbres. Le soleil se lève avec un joyeux chant de louange. Il avance sur son chemin doré et s'enfonce doucement dans la mer." Eivind Gullberg dépeint toutes les subtilités, comme un tableau vibrant de lumière et de couleur. 

Le violoniste  Valeriy Sokolov est également un invité régulier de l'OPMC. Avec puissance et démonstration de virtuose, il incarne le style en vigueur de la grande école russe.

A Genève, une création coup de poing, Justice d’Hèctor Parra

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Un opéra sur une horrible tragédie survenue il y a cinq ans ? C’est la gageure que relève Justice, deuxième ouvrage d’Hèctor Parra sur un scénario du metteur en scène bernois Milo Rau, dont le Grand-Théâtre de Genève vient d’assumer la création le 22 janvier.

A la base, un insoutenable drame que restitue sur écran la vidéo conçue par Moritz von Dungern. Nous sommes en République Démocratique du Congo en février 2019. Un camion-citerne transportant de l’acide percute un bus sur une route du Katanga entre Lubumbashi et Kolwezi. En résultent plus de vingt morts et de nombreux blessés. L’acide qui est utilisé dans le traitement des minerais coule jusqu’à la rivière voisine, dans ce sud du pays où l’infrastructure routière est quasiment inexistante. Impliquant Glencore, une multinationale suisse implantée au Congo, un tel sujet vous saisit à bras le corps. Et l’écrivain Fiston Mwanza Mujila qui a élaboré le livret d’après le synopsis de Milo Rau affirme que l’opéra transforme l’accidentel en un sujet universel. Ainsi Justice est non seulement une manifestation de la vérité mais aussi un rite, une cérémonie de deuil qui est une purification réparatrice.