Cavalli par petites touches

par
Miracolo d'amore

Francesco CAVALLI
(1602 - 1676)
MIRACOLO D'AMORE
Extraits de L'Ormindo, Giasone, Eliogabalo, L'Erismena, Gli amori d'Apollo e di Dafne, La Rosinda, La Calisto, Elena et Pompeo Magno
Xavier SABATA (contre-ténor), Raquel ANDUEZA (soprano), Ensemble La Galania, dir.: Jesus Fernandez BAENA
2017-DDD-67'31-Textes de présentation en espagnol et anglais-Anima e Corpo AEC 006

Il est des disques qui exaspèrent avant même qu'on en ait entendu une note. Ce programme Cavalli en fait partie car les quelques maigres explications du livret à propos des 18 plages du cd sont perdues dans une notice très généraliste, réservée de surcroît à ceux qui savent lire Dickens ou Cervantes dans le texte. Par ailleurs, la mise en page est si « particulière » qu'il faut un peu de persévérance pour découvrir que l'on nous propose des extraits de Giasone, Eliogabalo, L'Ormindo, L'Erismena, L'Egisto, La Rosinda ou La Calisto, dont les mentions, non reprises sur le boîtier, sont parfois écrites à la verticale, en tout petits caractères près de la pliure du livret, dans la partie réservée aux textes chantés. Cerise sur le gâteau, si j'ose dire, aucune référence n'est faite de l'oeuvre d'où est tirée la Sinfonia qui ouvre ce cd. Mais que dire du principal: la musique ou, plutôt, l'interprétation? Car la musique est sublime, cela on le sait depuis longtemps: Jacobs, en particulier, nous l'a démontré à foison depuis bien des années, avec de merveilleux enregistrements de La Calisto, Giasone et Xerse. La première plage vocale, qui donne son titre au disque, extraite de L'Ormindo, laisse dubitatif: le soprano de Raquel Andueza n'est guère assuré et semble marcher sur des oeufs. La justesse semble atteinte à grande peine, les vocalises sont très poussives, la respiration inadéquate. Il y a pourtant de la délicatesse et quelque chose qui ressemblerait à du charme si la technique était à la hauteur mais cela ne suffit pas. Dès la plage suivante, elle est rejointe par Xavier Sabata, contre-ténor qui jouit d'un renom certain ces temps-ci. La voix est assez agréable, très (trop?) douce, voire mielleuse, ce qui a tendance à affadir le discours. Surtout, ces morceaux, qui n'excèdent souvent pas trois ou quatre minutes, finissent par se ressembler par le ton uniformément élégiaque et exagérément emprunté des interprètes. L'expressivité semble éteinte et ce ne sont pas des maniérismes à n'en plus finir qui peuvent en tenir lieu. Pour tout dire, on s'ennuie ferme et on ne recommandera sûrement pas ce disque pour une première approche de Cavalli, compositeur absolument majeur qu'il faut connaître.
Bernard Postiau

Son 8 - Livret 4 - Répertoire 10 - Interprétation 5

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