Chants américains

par

Dominick ARGENTO (° 1927)
Six Elizabethan Songs
George GERSHWIN (1898-1937)
Three Preludes
Samuel BARBER (1910-1981)
Collected Songs
Leonard BERNSTEIN (1918-1990)
I Hate Music
Anne CAMBIER (soprano), Maiko INOUÉ (piano)
DDD–2015–44’ 07’’–Textes de présentation en anglais, français et néerlandais–ET’CETERA KTC 1527

CageJohn CAGE (1912-1992)
Aria
Nicolas ISHERWOOD (baryton basse)
DDD–2015–44’ 53’’–Textes de présentation en anglais, allemand et français–BIS 2149

 

Selon son propre aveu, Anne Cambier s’est nourrie de mélodies américaines dès ses premiers cours de chant auprès de Noelle Barker, et c’est au décès de celle-ci, survenu en 2013, qu’elle a décidé de lui rendre un hommage posthume en enregistrant un CD de mélodies écrites par des compositeurs américains. Elle a ainsi retenu Dominick Argento, un musicien d’origine italienne qui est peu connu en Europe occidentale et dont elle interprète six pièces inspirées d’auteurs élisabéthains, à commencer par William Shakespeare en personne – un cycle extrêmement attachant et empreint d’un lyrisme contenu. Ces deux derniers termes, on peut aussi les appliquer aux six mélodies de Samuel Barber, lequel, on le sait, est un lyrique dans l’âme, pour ne pas dire un pur romantique comme égaré au cœur du XXe siècle, bien que certains des écrivains qu’il a mis en musique soient, en l’occurrence, des modernes (entre autres James Joyce et James Agee). Ils ne conviennent guère, en revanche, à I Hate Music de Leonard Bernstein, dont le titre a quelque chose de provocant et de ludique, mais qu’Anne Cambier a sûrement choisi pour aérer son programme. Sur ce disque figurent par ailleurs les Trois Préludes de George Gershwin joués au piano par Maiko Inoué. On a du mal à comprendre ce que cette œuvre fait ici. Pourquoi ne pas avoir retenu des airs tirés des comédies musicales de l’auteur ou des extraits de son opéra Porgy and Bess ?

Son 7 – Livret 7 – Répertoire 8 – Interprétation 8

En ce qui le concerne, le baryton basse américain Nicholas Isherwood a déclaré qu’il avait mis beaucoup de temps avant d’apprécier la musique de John Cage. Il est vrai qu’elle est des plus composites et des plus excentriques, et qu’elle rebute en général beaucoup d’amateurs, davantage que celle de contemporains tels que Luciano Berio, George Crumb ou Karlheinz Stockhausen. Les neuf pièces chantées regroupées sur le présent CD montrent que John Cage s’est intéressé à la voix durant sa carrière, puisque la plus ancienne de 1942 et la plus récente de 1985, et qu’il a toujours eu le souci de lui apporter des modulations originales. Aria par exemple est formé d’une série de glissandi dans laquelle on entend notamment une voix de fausset, une voix nasale, une voix chuchotée ou encore un vibrato prononcé de la glotte – glissandi bizarres accompagnés eux-mêmes d’instruments inattendus comme des jouets d’enfants, alors que les seuls instruments qui accompagnent A Chant with Claps sont… des mains, des mains en train d’applaudir. La pièce intitulée Flower propose, elle, une imitation de chants d’oiseaux. Quant à Ryoanji, la plus longue des pièces (une vingtaine de minutes), c’est un « jardin des sons », pour reprendre l’expression de John Cage lui-même. Nicholas Isherwood la chante en utilisant en guise de percussion un verre de cristal. Un disque sagace et récréatif.

Son 8 – Livret 8 – Répertoire 9 – Interprétation 9

Jean-Baptiste Baronian

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