Claire Chevallier restaure les Tableaux, même si quelques retouches laissent perplexes

par

Modeste MOUSSORGSKI
(1839 - 1881)
Tableaux d'une exposition - Méditation - Intermezzo in modo classico - Une larme
Claire Chevallier, piano J.D. Becker (St Petersbourg-1875)
2016- DDD-57'16"-Textes de présentation en français et en anglais - Cyprès CYP1675

On ne reviendra pas longtemps sur l'origine de ces Tableaux. C’est un cycle pour piano composé rapidement au mois de juin 1874 parallèlement à une exposition commémorative du peintre Hartmann (1834-1873) mort de façon inattendue l’année précédente. Moussorgski avait d’abord baptisé son cycle Hartmann puis Souvenirs de Victor Hartmann, sous titre retenu dans l'édition de Manfred Schandert et Vladimir Ashkenazy chez Wiener Urtext Edition, Schott/Universal Edition de 1984. On ne dispose plus de tous les tableaux originaux de Hartmann. Les cinq qui subsistent sont reproduits dans l'édition mentionnée. C’est ainsi une grande liberté pour les interprètes que d’imaginer le contenu des peintures perdues.
Ce n'est pas la préoccupation principale de Claire Chevallier dont la recherche porte plutôt sur l'adéquation entre la partition et la sonorité du type de piano que Moussorgski utilisait. Son choix s'est porté sur un piano Becker de 1875, un facteur de St Petersbourg. L'instrument combine un mécanisme à la française, une construction allemande et un cadre métallique extrêmement robuste. Comme le dit l'interprète, le piano se métamorphosait suivant la dynamique employée.
L'interprétation de Claire Chevallier est loin de celle des monstres sacrés, Sviatoslav Richter, Lazar Berman ou, plus ancien, Benno Moiseiwitsch. Plus récemment, comment ne pas oublier la poésie de Ekaterina Novitskaja au CMIREB 1968, la souplesse de Leif Ove Andsnes (EMI) et les calmes certitudes de Alice Ader (Fuga Libera).
Le jeu de Claire Chevallier est parfois lourd ; il gomme certaines nuances (comment ne pas comparer la première promenade avec celle de Novitskaia), mais il nous offre aussi des passages de sonorité superbe (la grande porte de Kiev).
Les Tableaux sont complétés par trois pièces dont la Méditation et Une larme, légèrement postérieures, moments sombres et mélancoliques caractéristiques du compositeur. Le livret précise et justifie le choix de l'instrument ; il illustre bien la vie mouvementée de ce compositeur qui nous laisse deux opéras, un poème symphonique, trois cycles de mélodies et un peu plus d'une centaine de pages pour piano. Avec une prise de son excellente, on a un petit joyau pour les amateurs d'authenticité instrumentale.
Jean-Marie André

Son 10 – Livret 10 –  Répertoire 10 – Interprétation 9

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