Clara Haskil, si belle, si vraie, si humaine...

par
Haskil,

Wolfgang Amadeus MOZART
(1756 - 1791)
Concertos pour piano K. 271 (n°9) et K. 459 (n°19)
Clara Haskil (piano), Radio-Sinfonieorchester Stuttgart des SWR, dir.: Carl Schuricht
2016-Mono-57'34''-Textes de présentation en allemand et en anglais-SWR19013CD

Pour la jeune génération, il n'est peut-être pas inutile de rappeler le parcours particulièrement difficultueux d'une artiste de génie. Née dans une famille juive à Bucarest, la pianiste ne peut s'acheter son premier piano qu'à l'âge de 55 ans, peu après qu'elle fût enfin reconnue dans le monde entier. Orpheline de père alors qu'elle n'a que 4 ans, elle doit faire face à la pauvreté ; atteinte à 19 ans d'une scoliose déformante dont elle souffrira énormément jusqu'à la fin ses jours à Bruxelles quand elle fit une chute à la gare du Midi alors qu'elle rejoignait le violoniste Arthur Grumiaux avec qui elle a beaucoup enregistré et qui adorait jouer avec elle; dans sa famille, des victimes du nazisme qu'elle devait elle-même fuir; les railleries d'Alfred Cortot avec qui elle étudiait au Conservatoire de Paris : "Vous jouez comme une femme de ménage". Heureusement, Gabriel Fauré, alors directeur de ce même Conservatoire compensait : alors qu'elle venait de lui jouer son "Thème et Variations" op. 73, il déclare "Je ne savais pas qu'il y avait autant de musique dans ce que j'avais écrit".
Malgré ce parcours semé d'embûches, Clara Haskil travaille sans cesse. Elle est reconnue et appréciée à sa valeur par les plus grands artistes de son temps : Stravinsky, Stokowski, Poulenc, Horowitz, Eugène Ysaÿe, von Karajan, Charlie Chaplin,... C'est le public qui ne la reconnaît pas, si ce n'est à Bruxelles et en Suisse, pays dont elle prendra la nationalité après la guerre. Finalement, c'est à partir des années '50 que la pianiste rencontrera le succès public et traversera l'Atlantique. Elle avait 55 ans. Aujourd'hui, Clara Haskil est entrée dans la légende.
Les deux concertos repris ici existaient en 33 tours. Ils nous reviennent en version remasterisée. Si le son laisse à désirer, c'est une question d'acoustique de salle (surtout le Jeunehomme K. 271), une salle à Stuttgart assez improvisée pour le concert, comme c'était souvent le cas en ces années d'après-guerre (l'enregistrement a été réalisé en 1952) ; pour sa part, le K. 459 a été enregistré dans la salle baroque du Château de Ludwigsburg en 1956 et, là aussi, la prise de son manque de fluidité. Par ailleurs, les pianos et leurs réglages ne sont pas de premier choix et l'orchestre n'est pas des plus affinés. Mais là n'est pas le problème à l'écoute de l'art de Clara Haskil. Un jeu qui interroge naturellement chaque note, qui nous parle, qui nous touche au plus profond car il est d'une sincérité absolue, d'une énergie vitale insoupçonnée derrière les fragilités de l'artiste en doute perpétuel et que le trac n'épargne pas. On sourit d'émotion à quelques petite "floches" dans le jeu : c'est tellement humain !
Un grand moment d'émotion.
Bernadette Beyne

Son 7 - Livret 8 - Répertoire 10 - Interprétation 10

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