CMIREB : une soirée jeune et époustouflante

par

Dernière ligne droite avant l’annonce des résultats de l’édition Violon 2015 du Concours International Reine Elisabeth. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette dernière soirée fut marquée par la jeunesse et la perfection. Les deux derniers candidats, tous deux cadets du concours, se sont illustrés avec un tel professionnalisme que l’auditeur en reste stupéfait.

© Bruno Vessiez
© Bruno Vessiez

Lim Ji Young, originaire de Corée n’a que 20 ans ! Elle poursuit actuellement ses études à l’Université Nationale des Arts de Corée alors qu’elle possède déjà à son actif de nombreux prix : Concours International Henri Marteau, Ishikawa Music Award, Concours International de Concertos Great Mountains, Concours International Euroasia, Prix MIMC au Concours International de Montréal et enfin le Concours International d’Indianapolis. Avec un tel palmarès, on s’attendait à une prestation de haut vol, ce qui fut démontré dès l’imposé : énergique, clair, précis… La candidate se lance dans un tempo relativement rapide qui ne la perturbe à aucun moment. Décontractée, elle offre un passage central très introspectif dont le timbre, doux et chantant, convient parfaitement à l’œuvre. Dans Brahms, on apprécie surtout la profondeur du son, l’aisance tant mélodique que rythmique et la décontraction avec laquelle elle se jette dans les passages redoutables. Très belle conduite des phrases à travers une structure générale acquise. Pour son jeune âge, la candidate démontre une forme de maturité remarquable que d’autres, plus âgés, ne possèdent pas encore. Le second mouvement est sensible, expressif, notamment grâce à un dialogue très vite établi entre la soliste et l’orchestre. L’orchestre qui d’ailleurs semble au meilleur de sa forme ce soir en offrant une lecture en tout point adéquate. Le dernier mouvement est dansant, rythmé et amusant. Voilà une candidate qui ose les choses, qui va au bout de ses idées, en proposant notamment de nombreux contrastes et dynamiques. Jamais une reprise d’un motif n’est identique. En cela, Lim Ji Young démontre non seulement sa maturité mais surtout son aisance et sa détermination en poussant l’orchestre dans ses derniers retranchements.

© Bruno Vessiez
© Bruno Vessiez

Après la pause, le candidat âgé de 18 ans originaire des Etats-Unis et des Pays-Bas, Stephen Waarts, nous présente sans doute le meilleur imposé de la semaine. A peine se jette-t-il dans le flot de notes qu’il nous épate par sa décontraction, son aisance sur scène et la facilité avec laquelle il semble jouer du violon. Tout est clair, limpide et compréhensible. Il démontre cette même décontraction dans Bartók, choix logique au vu de son parcours : il étudie au Conservatoire de San Francisco, au Curtis Institut of Music de Philadelphie et possède lui aussi un beau palmarès : Concours International Louis Spohr, Concours International de Montréal, Young Concert Artists International Auditions et enfin le Concours Menuhin. Mais le plus original reste son « activité » parallèle de mathématicien, pour laquelle il obtient de nombreux prix. Pour son interprétation du Concerto n°2 de Bartok, Stephen Waarts joue la carte de la simplicité au service du matériau. Le jeu est fin, précis et tend à exprimer chaque motif. Grâce à un contact également établi rapidement avec Marin Alsop, le soliste offre un concerto de concert. En plus de jouer avec décontraction, le candidat semble prendre un plaisir énorme à jouer cette œuvre qu’il maîtrise d’un bout à l’autre. Tant dans l’énergie que dans les passages plus calmes, les artistes réunis sur scène offrent un beau dialogue. Non, il n’y a pas grand chose à dire de ce candidat en dehors du fait qu’il dispose déjà, pour son jeune âge, d’une très belle maturité, d’une présence scénique idéale et d’un timbre riche et développé. Voilà une démonstration exceptionnelle qui, nous l’espérons, retiendra l’attention du jury.
Ayrton Desimpelaere
Bruxelles, Palais des Beaux-Arts le 30 mai 2015

Les commentaires sont clos.