Conclusion époustouflante pour Masaaki Suzuki et le Bach Collegium Japan !

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0126_JOKERJohann Sebastin Bach (1685-1750) : Lobe den Herrn, Meine Seele, Bwv 69 – Freue dich, Erlöste Schar, BWV 30 – Gloria in excelsis Deo, BWV 191
Bach Collegium Japan, Masaaki Suzuki, direction _ Hana Blazikova, soprano – Robin Blaze, contre-ténor – Gerd Türk, ténor – Peter Kooij, bass
2013-SACD-68'40-Textes de présentation en allemand, anglais et français-BIS 2031

En juin 1995 débutait à Kobe une aventure risquée : enregistrer l'intégrale des Cantates sacrées de Jean-Sébastien Bach. Février 2013 marque l'achèvement de ce cycle, soit 18 années de travail approfondi. L'investigateur, Masaaki Suzuki et l'excellent Bach Collegium Japan n'ont jamais abandonné leur idée fixe, même s'il aura fallu trois ans de plus pour ce périple (initialement, le projet se construisait sur 15 ans). Trois cantates pour ce dernier enregistrement, issues des années 1730 à 1740 à Leipzig. La première, Lobe den Hern, Meine Seele (BWV 69), probablement composée en 1748 pour l'inauguration du conseil municipal, se compose de deux parties de chœur (dont un choral), deux aria et deux recitativo. Effectif instrumental impressionnant pour l'époque pour souligner la grandeur de cet événement annuel. Bach réutilise et adapte des pages déjà écrites de 1723. C'est le cas avec le chœur d'ouverture et les deux aria. Le texte original se base sur Er hat alles wohl gemacht de l'Evangile du douzième dimanche après la Trinité. Pour le conseil municipal, c'est le côté autoritaire et grandiose qui se déploie ici. Après une première partie virtuose et redoutable par sa double fugue, un caractère plus léger s'installe dans l'aria pour alto tandis que l'aria pour basse est davantage rythmique avec des effets de mazurkas, se rapprochant alors du folklore polonais, très prisé à cette époque en Allemagne.
Freue dich, Erlöste Schar (BWV 30) fut écrite pour la fête de la Saint-Jean, à l'occasion de la célébration de la naissance de Jean-Baptiste. Une des premières cantates religieuses dont la création date du 24 juin 1738, à Leipzig. Une fois de plus, Bach reprend un matériau déjà exploité de 1737, composé pour le comte Johann Christian von Hennicke. Pour célébrer la conquête du Manoir de Weiederau, Bach donne dans le genre festif et dansant en attribuant les quatre voix du quatuor à quatre personnages allégoriques. Dans la version religieuse subsistent quatre aria sur les cinq tandis que des modifications structurelles et instrumentales sont effectuées. Enfin, le Gloria in excelsis Deo (BWV 191) continue de poser des difficultés aux chercheurs. Pas vraiment une cantate, l’œuvre fut certainement créée pour le jour de Noël en 1745 à l'occasion du Traité de Dresde. Sa musique est en partie issue du Gloria de la Messe en si mineur (1733).
Pour cette dernière parution dédiées aux Cantates de Bach, Suzuki et son Ensemble brillent une fois de plus par leur professionnalisme, leur intelligence et leur respect du matériel écrit. Timbre excellent pour les voix accompagnées par un orchestre impressionnant. Le texte est clair, la prononciation idéale. Les phrasés sont justes, sans vulgarité. Respirations réfléchies et homogénéité pour les parties de chœur. Chaque aria est interprété avec finesse, dans l'ambiance de la pièce. Découverte avec Gerd Türk dont la voix de ténor sublime l’œuvre. La seconde œuvre et le Gloria présentent les mêmes caractéristiques. Structure compréhensible, périodes des chorals enchaînées avec simplicité, contrastes saisissants entre les parties, pas d'exagération, bref une lecture idéale.
Cet enregistrement, comme tous les autres, est évidemment une référence dans le répertoire allemand de l'époque. Suzuki et ses musiciens peuvent être fiers du travail accompli, tant du point de vue des instrumentistes que des chanteurs et du chœur. A redécouvrir !
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 10

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