Cyril Dupuy présente le cymbalum

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Cyril Dupuis était déjà de retour sur la scène du théâtre de Namur ce jeudi 3 juillet à 12h pour proposer un concert commenté autour du cymbalum. Le parterre de la grande salle était bien garni pour découvrir ou approfondir ses connaissances sur cet instrument qu'on est plus habitué à voir dans les rues ou dans les hall de gare que sur les scènes de théâtre. De plus le jeune musicien français fut remarqué et particulièrement applaudi pour sa prestation de mercredi soir. Très belle initiative que de proposer un exposé illustré de pièces musicales mais le jeune homme est visiblement plus habile pour le maniement des baguettes que pour celui du micro et des mots... Rappelons toutefois la difficulté d'un tel exercice auquel il n'est pas encore rompu ! Tentons un petit condensé des explications fournies qui vous permettra de briller en société. Les premières traces du cymbalum remonte en 5000 avant notre ère où il est représenté sur des fresques visibles dans l'Irak actuel. De petites dimensions, portable, on le joue en pinçant les cordes d'une main et en les étouffant de l'autre ou en frappant avec des baguettes. Il se décline sous différentes formes, triangulaires ou trapézoïdales, et il porte différents noms : hackbrett (pays germaniques), hammer dulcimer (Grande Bretagne), Shantoor (Inde) ou encore santour (Moyen-Orient). Le cymbalum fait son apparition en Europe en 711 avec la conquête de l'Espagne par les Arabes. Dès le 17e siècle, il apparaît que l'instrument plaît à l'aristocratie. On comprend donc mieux que les révolutionnaires français tenteront de le chasser. En Europe orientale, il reste ancré dans la vie culturelle des Hongrois. La victoire des Ottomans sur les Hongrois en 1526 n'y est sans doute pas pour rien. Il est l'instrument le plus emblématique de la culture musicale hongroise. Le cymbalum est constitué de cordes tendues sur un cadre, frappées par des maillets. Il est ni plus ni moins l'ancêtre du clavicorde et du piano qui sont des versions mécanisées. Il ne sera pas supplanté par ses descendants et il continuera à suivre sa propre évolution le rendant plus grand et plus sonore. Jozsef Schunda met au point le cymbalum moderne en 1870. Franz Liszt appréciait cet instrument. On sait qu'il connaissait Schunda et on suppose qu'il serait en partie à l'origine du travail de ce dernier. L'instrument est présenté à l'Exposition Universelle de Paris en 1874 et connaît un vif succès. Les compositeurs s'y intéressent et ses apparitions en musique de chambre ou dans l'orchestre symphonique sont de plus en plus fréquentes. Les compositeurs hongrois recherchant la couleur locale bien sûr mais aussi Debussy, Stravinsky ou encore Dutilleux et Boulez qui l'utilisent pour sa couleur propre. Utilisé dans la musique pop ou par les compositeurs des super-productions hollywoodiennes, le cymbalum a encore de beaux jours devant lui. Des nombreux moments musicaux proposés par Dupuy, on notera la convaincante adaptation de la deuxième Rhapsodie Hongroise de Franz Liszt (1811-1886) et la très belle Etude en ré min de Géza Alaga (1841-1913). Dupuy invite alors le public à monter sur scène pour l'observer dans son interprétation d'Asturias d'Isaac Albeniz (1860-1909). Il invite ensuite une jeune dame d'origine biélorusse à jouer. Elle joue magnifiquement ! Moment improvisé, sans protocole, mais ces moments de rencontre en toute simplicité font les grands festivals ! Rencontres musicales, rencontres humaines ! Michel Lambert Théâtre Royal de Namur, le 3 juillet 2014

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