Danse macabre

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Danse macabre

Poèmes symphoniques de Dukas, Dvorak, Moussorgsky, Balakirev, Saint-Saëns et Ives.
Orchestre symphonique de Montréal, dir.: Kent NAGANO
2016-DDD- 69' 26''- Notice en  anglais et en français-Decca 483 0396

La mode est aux CD thématiques. Il n'y a plus un récital de chant, ou de piano, qui ne se trouve un titre imagé. A l'orchestre aussi, faut-il croire : voici un programme musical centré sur le surnaturel, thème romantique à souhait, descendant du gothique anglais, et qui a livré d'incontestables chefs-d'oeuvre en littérature, en peinture et en musique.  Kent Nagano a choisi cinq poèmes symphoniques illustrant cette tendance, autant de pages excellentes pour faire briller les mille et une facettes de son orchestre, qui retrouve une santé digne de la grande époque de Charles Dutoit. Sans être sèche, la baguette de Nagano a du nerf, et conduit L'Apprenti sorcier à sa fin inéluctable : lecture très dramatique, très visuelle aussi (les timbales à 5' 50'' !). La Sorcière de midi de Dvorak, avec son sujet horrible (un enfant qui pleure est étouffé par sa mère, qu'une sorcière terrorise), est traitée de manière superbe, avec une magnifique fanfare finale, du plus bel effet sonore. Pour la célèbre Nuit sur le mont chauve de Moussorgsky, Nagano, heureusement, a choisi la version Rimsky-Korsakov, peut-être moins idiomatique, mais tellement plus apte à faire briller un orchestre. Le chef souligne bien l'aspect satanique de l'évocation, mais séduit en plus, cerise sur le gâteau, par une coda délicate et raffinée. Thamar, ou Tamara, de Balakirev, est certainement l'un des poèmes symphoniques les plus achevés de la jeune école russe, ce "puissant petit groupe" des Cinq. Assez long (22'), il évoque avec une maîtrise orchestrale souveraine une légende proche de celle de Loreley, car Thamar tue ses amants au bout de la nuit... L'oeuvre est fondatrice : Schéhérazade de Rimsky-Korsakov, ou Roméo et Juliette de Tchaikovski ne se conçoivent pas sans elle. Même si l'on pourrait préférer la manière rude et sauvage d'un Svetlanov, la langueur orientale, si typique de la musique russe de l'époque, est bien ressentie par le chef américain, qui porte cette splendide partition à bout de bras, à la tête d'un OSM en fière forme. Vu l'intitulé, la Danse macabre de Saint-Saëns était inévitable. Tempi aisés, direction vigoureuse et claire (joli fugato), cordes brillantes, et violon solo parfait (Andrew Chan), voilà une belle version de ce tube immortel. Le CD se termine par 2' 31' de musique énigmatique : le Hallowe'en de Charles Ives (1907). Entrées de cordes successives, interventions du piano et de percussions, la pièce virevolte tel un mouvement perpétuel, pour finir abruptement.
Bruno Peeters

Son 10 - Livret 8 - Répertoire 10 - Interprétation 10

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