De l'ombre à la lumière

par

György LIGETI
(1923 - 2006)
Requiem-Lux aeterna
Clytus GOTTWALD
(né en 1925)
Arrangements pour choeur d'oeuvres de Ravel, Debussy et Mahler
Gabriele HIERDEIS (soprano), Renée MORLOC (alto), Kammerchor Stuttgart, Danubia Orchestra Obuda, dir.: Frieder BERNIUS
1996 à 2006-DDD-56'16-Textes de présentation en allemand, français et anglais-Carus 83.283

Quelques versions du Requiem de György Ligeti, oeuvre majeure du compositeur hongrois, ont déjà été proposées à la curiosité du mélomane. Jonathan Nott en a réalisé une vision fort réussie dans le cadre de l'enregistrement intégral de ses opus. Avant lui, le pionnier Michael Gielen avait déjà marqué de sa forte personnalité cette partition phare (Wergo). Citons également Peter Eötvös dans une parution plus confidentielle. Que Frieder Bernius, chef de choeur si talentueux, s'intéresse à cette page est notable: on a davantage l'habitude de l'entendre dans un répertoire plus courant, Bach et Mendelssohn en tête. Ce Requiem fut commissionné par la radio suédoise en 1964 et la première eut lieu en 1965. Au contraire de Gielen, Bernius ne tend pas à exacerber les contrastes mais, par contre, cisèle la moindre inflexion du choeur avec une précision assez exceptionnelle. Les passages les plus denses gardent toute leur lisibilité et son approche, quelque peu distanciée, souligne tout ce que cet ouvrage doit au Moses und Aaron d'Arnold Schoenberg. Surtout, elle permet de se rendre compte combien elle s'inscrit, tout compte fait, dans la continuité de l'évolution de la musique d'Europe centrale au 20ème siècle, dont elle constitue un jalon important. Le Lux aeterna pour 16 voix, lui, est un exemple remarquable des « nuages » de Ligeti, cette forme de composition où le matériau sonore évolue de manière presque imperceptible, un procédé qui sera sa marque de fabrique et qu'il reprendra à de nombreuses reprises, notamment dans ses célèbres Lontano pour grand orchestre et Continuum pour clavecin. Pour compléter ce programme assez court, Bernius choisit de très belles adaptations pour choeur à 6 ou 16 voix de pages de Ravel, Debussy et Mahler dues au compositeur silésien Clytus Gottwald. Ces arrangements sont en réalité de complètes recréations qui utilisent le matériau mélodique pour créer un monde tout nouveau et de toute beauté. Ce traitement profite tout particulièrement à Ich bin der Welt abhanden gekommen, l'un des merveilleux lieder de Mahler sur des textes de Friedrich Rückert. Inutile de dire que la perfection de l'interprétation contribue beaucoup à la réussite de cet album très bien venu.
Bernard Postiau

Son 10 - Livret 10 - Répertoire 10 - Interprétation 10

Vos commentaires

Vous devriez utiliser le HTML:
<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.