De Serbie et d’ailleurs

par

JOKERMarko NIKODIJEVIC (°1980)
Dark/rooms
ORF Radio-Symphonieorchester Wien, dir. : Jonathan STOCKHAMMER, Nieuw Ensemble, dir. : Micha HAMEL, Ensemble musikFabrik, dir. : Clement POWER, Benjamin KOBLER (piano)
2013-DDD-63’ 36’’-Texte de présentation en allemand et en anglais-Col Legno 40408

Natif de Subotica, en Serbie, Marko Nikodijevic est un des meilleurs jeunes compositeurs actuels, et il suffit d’écouter les cinq pièces réunies sur le présent CD pour s’en rendre compte aussitôt. Deux d’entre elles, Music Box et Chambres de ténèbres, sont de vibrants hommages à quelques-uns de ses devanciers, la première à la fois à György Ligeti et à Igor Stravinski – une œuvre tourmentée, éclatante et foisonnante à souhait ; la seconde au seul Claude Vivier, ce grand musicien québécois, hélas trop tôt disparu, assassiné à l’âge de trente-cinq ans, en 1983, alors qu’il séjournait à Paris. Comme son titre le laisse deviner, "Chambres de ténèbres" est une œuvre ténébreuse, fortement marquée par la technique spectrale, à laquelle Claude Vivier avait lui-même été très sensible – ce qui confère à cet hommage, divisée en trois parties, d’authentiques accents de vérité et d’estime. La pièce la plus récente enregistrée ici, écrite en 2012, s’intitule "Gesualdo dub/raum mit gelöschter figur" et constitue un concerto pour piano et « ensemble » [sic]. S’agit pareillement d’un hommage ? Faut-il relier Claude Vivier à Gesualdo qui, lui, n’a pas été assassiné, mais qui, en 1590, a bel et bien assassiné sa femme et l’homme avec lequel elle le trompait ? On ne peut pas ne pas se poser la question… Mais quelle que soit la réponse, force est de reconnaître que ce concerto (en cinq mouvements qui s’enchaînent) envoûte et donne l’étrange impression d’osciller dans d’impénétrables méandres, jusqu’à sa brutale conclusion. Point d’orgue : GHB/tanzaggregat – six minutes de feu et de fureur. À découvrir.
Jean-Baptiste Baronian

Son 10 – Livret 8 – Répertoire 10 – Interprétation 10

 

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