Dénes Varjon, de la nuit

Robert SCHUMANN (1810 – 1856) : Fantasiestücke op. 12; Maurice RAVEL (1875 – 1937) : Gaspard de la Nuit; Béla BARTÓK (1881 – 1945) : En Plein Air. Dénes Varjon, piano. 2018 DDD 66’08 Livret allemand et anglais CD ECM New Series 2521 4817003

Cet album est le quatrième du pianiste hongrois Dénes Varjon chez ECM. Il a été l’élève de Gyorgy Kurtag et d’Andras Schiff. Son toucher est exceptionnel, c’est évident dès la première pièce du disque, le début des huit pièces de fantaisies op. 12 de Schumann. Comparée à Eric le Sage, dont l’intégrale Schumann (Alpha) est très réputée, la différence est nette : elle se situe au niveau de la poésie, un élément essentiel pour cette musique inspirée des poèmes de Jean-Paul. La douceur du toucher de Varjon nous va droit au coeur. La totalité des huit pièces est concernée. Du vrai Schumann !
Vient ensuite le redoutable Gaspard de la Nuit de Ravel, dont les poèmes d’Aloysius Bertrand qui l’ont inspiré se trouvent dans le livret (en trois langues). Les trois pièces, Ondine, Le Gibet et Scarbo sont redoutables de virtuosité. Ondine est plein de flots incessants; Le Gibet et sa cloche sont particulièrement lugubres. Scarbo, ce nain fantômatique, est admirablement fugitif et diabolique. Alexandre Tharaud est ici très convainquant (Le Gibet excepté), mais Dénes Varjon ne démérite pas. Enfin, voici Bartok dans sa célèbre suite En Plein Air, cinq pièces parmi les plus importantes de toute la musique pianistique de Bartok. Et parmi elles, Musique Nocturne est taillé sur mesure pour le jeu subtil et délicat de Dénes Varjon. Comparé à l’ancienne version (DG,1955) de Andor Foldes, contemporain et compatriote du compositeur, l’avantage va à ce dernier, plus “bartokien”, à l’exception de la Musique Nocturne. Au total, le Schumannn est irrésistible et vaut l’achat du disque.

Dominique Lawalrée

Son : 10 Livret : 10 Répertoire : 10 Interprétation : 8