Des ouvertures en pagaille... mais où est Cimarosa?

par
Cimarosa

Domenico CIMAROSA
(1749 - 1801)
Ouvertures – volumes 5
Orchestre philharmonique de chambre tchèque de Pardubicce, dir.: Patrick GALLOIS
2017-DDD-77'11-Textes de présentation en anglais-Naxos 8.573568

On se désespère à l'écoute de ce disque car, malgré tous nos efforts, nous ne parvenons pas à nous intéresser à cette succession de onze ouvertures de Domenico Cimarosa, lesquelles font suite à une liste déjà longue engrangée dans les quatre volumes qui ont précédé celui-ci. A qui incombe cette gêne ressentie? Au chroniqueur, peut-être, et pourtant Dieu sait s'il aime Cimarosa! Sinon, aux interprètes, au choix éditorial, à la qualité de la musique? Sans doute y a-t-il un peu de tout cela dans l'accueil mitigé qu'il suscite. Cimarosa s'est illustré avant tout dans l'écriture d'opéras: 70 environ, dont certains sont perdus, sont sortis de sa plume. Peut-être est-ce un peu trop... Quoi qu'il en soit, et bien que la plupart de ceux-ci n'aient toujours pas été enregistrés, l'amateur sait que les pépites qui parsèment ses ouvrages, dont le plus célèbre, Il Matrimonio segreto, est sans doute son chef-d'oeuvre absolu, sont à puiser dans les airs et ensembles plutôt que dans les ouvertures, souvent conventionnelles. Par conséquent, même si on loue l'entreprise qui permet d'aborder des oeuvres qu'on n'entendra sans doute jamais dans leur intégralité, aligner ainsi toutes les pages purement orchestrales du compositeur devient vite éprouvant pour l'auditeur car il se trouve confronté à des pièces qui finissent vite par se ressembler, d'autant qu'elles ne sont pas destinées, à l'origine, à être entendues les unes à la suite des autres. Et, chez Cimarosa, l'ouverture n'est souvent guère plus qu'un petit zakouski, le temps de s'asseoir confortablement dans son fauteuil en attendant que les choses sérieuses commencent, tout au contraire d'un Mozart, d'un Rossini ou d'un Verdi qui soit nous plongent directement dans l'action, soit composent un condensé de ce qui va suivre. En tout cas, elle revêt, chez ceux-ci, un caractère très fort que l'on ne retrouve pas au même titre chez le délicat compositeur napolitain. Les interprètes enfin. Les musiciens menés par Patrick Gallois sont fort bons mais la routine est vite perceptible, comme si eux-mêmes ne croyaient guère au bien-fondé de l'entreprise. En tout état de cause, on ne saurait être ingrat vis-à-vis d'un esprit curieux qui lève le voile sur une oeuvre si abondante et si ignorée malgré ses immenses qualités. On peut se demander toutefois si des disques d'extraits vocaux, auxquels on aurait joint l'une ou l'autre ouverture, n'auraient pas été plus appropriés. Tel quelle, cette parution risque d'apporter quelque déception au mélomane.
Bernard Postiau

Son 8 - Livret 8 - Répertoire 7 - Interprétation 5

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