Des quatuors dédiés à Haydn quelque peu maltraités

par

Wolfgang Amadeus MOZART (1765-1791)
Quatuors à cordes K. 387, K. 428 et K. 465
Quatuor CASALS
2014-DDD-82'17-Textes de présentation en français, anglais et allemand-Harmonia Mundi HMC 902186

Le quatuor Casals s'impose depuis bientôt vingt ans comme l'un des ensembles les plus sûrs et solides de notre époque, auteur de plusieurs très beaux disques consacrés aux chefs-d'oeuvre de Arriaga, Mozart, Schubert, Haydn ou Boccherini. C'est aujourd'hui à trois des six quatuors dédiés à Haydn de Mozart que s'attache l'art des quatre artistes. Très articulée, l'attaque du quatuor K. 387 « Le printemps » n'est pas dénuée de violence dans le trait, ou tout au moins d'une certaine agressivité, qui résulte peut-être d'un trop plein d'énergie difficile à contenir. Cette approche très contrastée se poursuit dans les mouvements suivants au point, parfois, d'en paraître affectée, en manque de simplicité. Chaque mesure semble avoir fait l'objet d'une analyse particulière visant à en tirer toute la substance, ce qui a pour résultat une mise en relief saisissante, expressionniste mais lassante à la longue. Ce travail minutieux finit par nuire à l'unité et à la simplicité de la ligne, si importantes dans ces pages complexes, à tel point qu'on finit par se perdre dans le détail. Ici, les musiciens parviennent à rendre presque palpable les efforts épuisants fournis par Mozart pour aboutir à ces merveilleux chefs-d'oeuvre dont l'aisance d'écoute n'a d'égal que la science qui les a fait naître. Autre conséquence de ce traitement: une interprétation en apparence lumineuse mais rendue froide par le systématisme des solutions offertes; un beau soleil hivernal, en quelque sorte. Il y manque en outre le charme, la légèreté et une relative absence d'introspection. Et que le son aigre du premier violon dans la célébrissime introduction des « Dissonances » est désagréable à l'oreille! Il faut avouer que la prise de son, assez rêche, ce qui étonne, du reste, de la part de cet éditeur généralement irréprochable sur ce plan-là, ne contribue pas à rendre justice à cette prestation. Attention également au minutage si généreux qu'il ne plaira peut-être pas à toutes les platines. Un disque qui ne s'imposait pas, à notre avis.
Bernard Postiau

Son 7 - Livret 8 - Répertoire 10 - Interprétation 5

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