Des Suites de Bach hautes en couleur au Brussels Cello Festival

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Ce vendredi, la magnifique église gothique Notre-Dame du Sablon, au cœur de Bruxelles, a accueilli le concert d’ouverture de la première édition du Brussels Cello Festival organisé par le violoncelliste américain Han Bin Yoon.

Pendant ces 3 jours se succèdent master classes et concerts variés donnés par d’éminents violoncellistes de notre époque. Quoi de mieux, pour ouvrir un tel programme, que les six Suites pour violoncelle seul de Johann Sebastian Bach ? De plus, la décision originale et très pertinente d’inviter non pas un mais six violoncellistes d’horizons totalement différents, chacun jouant une suite, met en relief la multiplicité des interprétations d’un tel monument du répertoire.

Marie Hallynck, seule Belge de cette soirée, ouvre la danse devant un public nombreux et relativement jeune, avec une Première Suite très chantée. Malheureusement, l’acoustique assez tournante dans certains endroits de l’église brouille parfois le discours : en effet, la manière dont elle soutient les climax, avec un vibrato qu’on pourrait juger excessif, rend les notes qui suivent assez difficiles à percevoir.

Dans la Deuxième Suite, Anne Gastinel se distingue par une meilleure gestion de l’acoustique et une belle mise en valeur des notes importantes de l’harmonie. Somme toute, une interprétation juste, assez sobre (peu de vibrato) et très émouvante, assez comparable à sa version au disque (Naïve, 2007).

Suit la Troisième Suite très soignée et élégante du jeune Aurélien Pascal, bien connu du public belge puisqu’il avait remporté le 4e Prix du Concours Reine Elizabeth en 2017. En prenant le temps d’énoncer chaque motif, celui-ci en livre une version claire et homogène.

Après la pause, le violoncelliste Roel Dieltiens, qui avait enregistré deux remarquables versions des six Suites au violoncelle baroque (Accent, 1991 et Etcetera, 2010), passe ici au moderne dans la Quatrième Suite, avec une gestion toute différente de la résonnance par des notes beaucoup plus courtes que les interprètes précédents. L’attention du public est sans cesse sollicitée par une grande diversité dans les articulations. Le point culminant de cette suite pleine de caractère est sans doute la Sarabande, dont le côté polyphonique est mis en évidence avec inventivité.

Vient alors le Russe Alexander Buzlov, avec une Cinquième Suite bien maîtrisée, au son très plein.

Mais le moment fort du concert est certainement la Sixième Suite à couper le souffle de Jakob Koranyi. Il allie une virtuosité impressionnante à une sonorité incroyablement pure et transparente et une musicalité très naturelle, sans rien de superflu. Espérons qu’il enregistre un jour l’intégrale des Suites de Bach !

Si vous hésitiez à faire un tour au Brussels Cello Festival, il est encore temps ! Ce dimanche auront lieu : une master class avec Pieter Wispelwey à 9h, un concert de musique de chambre à 13h et le concert de clôture, rassemblant à 15h tous les violoncellistes du festival ainsi que des étudiants belges,.

Aline Masset, reporter de l’IMEP
Bruxelles, Eglise Notre-Dame du Sablon,le 12 octobre 2018

Crédit photographique : Aurélien Pascal/www.aurelien-pascal.com

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