Désenchantement

par
Arcord

Ludwig van BEETHOVEN (1770-1827) : Variations en mi bémol majeur sur «Bei Männern, welche Liebe fühlen» de La Flûte enchantée - Henry PURCELL (1659-1695) : Air de Didon - J.S. BACH (1685-1750) : Suite Française no. 5 (Allemande), Suite pour violoncelle seul no. 3 (Sarabande, Bourée I & II) - Piotr Ilitch TCHAIKOVKSY (1840-1893) : l’Air de Lensky – Antonin DVORAK (1841-1904) : Songs my mother taught me – Béla BARTÓK (1881-1945) : Romanian Folk Dances – Heitor VILLA-LOBOS (1887-1959) : Bachianas Brasileiras no. 5 (Cantilena) – Astor PIAZZOLLA (1921-1992) : Le Grand Tango – Johanna DODERER (°1969) : Wutmarsch
Duo Arcord
2016–62’25–Livret de présentation en anglais et allemand–OR 0023

Le premier disque du Duo Arcord, un assemblage hétéroclite  de pièces sous-titré ‘Inspiré de chansons et danses’, comporte 23 plages, passant de Purcell à Villa-Lobos, et concluant sur le premier enregistrement d’une œuvre contemporaine.
Côté cohérence du programme, on est surpris qu’un album dont l’attrait principal est l’originalité du duo et de ses arrangements consacre dix minutes à des œuvres solistes (sarabande et bourrées de la 3e Suite pour violoncelle de J.S. Bach). Les mauvaises langues évoqueront du remplissage, d’autres un manque d’imagination.
L’aventure commence avec les Variations ‘Bei Mannërn’ de Beethoven (à l’origine pour violoncelle et piano). Composées en 1801, les sept variations sont construites sur le thème de l’air de La Flûte Enchantée de Mozart, ‘Bei Männern, welche Liebe fühlen’ (au premier acte) où Pamina et Papageno chantent la beauté de l’amour partagé. L’interprétation est sage et plaisante, mais il lui manque un peu de magie. C’est peut-être dû au choix des registres à l’accordéon qui ajoute une touche d’agressivité, peut-être au manque de relief dans le vibrato d’Ana Topalovic, la violoncelliste. D’autres plages se veulent expressives mais la surenchère y étouffe la douce simplicité de l’Air de Didon et alourdit les Danses roumaines de Bartok. Justement, les difficultés techniques de la troisième danse Pe Loc sont maladroitement escamotées, les harmoniques artificielles devenant vocalises « kitsch  ». C’est justement à partir de ces Danses que l’on entend véritablement un duo. Dans Le Grand Tango, on découvre à quel point le son de l’accordéon peut épouser celui du violoncelle, notamment lors d’un judicieux changement de registres, soutenant bien les fausses harmoniques du violoncelle. Finalement, on soulignera Wutmarsch, l’œuvre de la compositrice autrichienne Johanna Doderer, où le duo parvient brillamment à prendre l’ampleur d’un orchestre symphonique.
Le répertoire compte peu de pièces pour le duo violoncelle-accordéon -hormis celles de Sofia Gubaidulina, une des plus illustres élèves illustres de Chostakovitch- et ce type d’ensemble, relativement rare, doit créer ses propres transcriptions ou commander de nouvelles œuvres. La qualité des arrangements, le jeu du duo et la conception de l’album sont décevants. Attendons le prochain pour plus de maturité.
Pierre Fontenelle, Reporter de l’IMEP

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