Deux arpeggione, quatre artistes et d'autres chefs-d'oeuvre

par

PiresFranz Schubert (1797-1828) : Sonate arpeggione en la mineur D. 821
Robert Schumann (1810-1856) : Cinq pièces dans le ton populaire op. 102
Claude Debussy (1862-1918) : Sonate pour violoncelle et piano
Benjamin Britten (1913-1976) : Sonate en do majeur op. 65 pour violoncelle et piano
Gautier Capuçon, violoncelle et Frank Braley, piano
2012-DDD-74'29''-Textes de présentation en français, anglais et allemand-Erato 50999 9341582 8

Franz Schubert (1797-1828) : Sonate arpeggione D. 821
Johannes Brahms (1833-1897) : Trois intermezzi op. 117
Felix Mendelssohn (1809-1847) : Chant sans parole op. 109
Johannes Brahms (1833-1897) : Sonate n°1 pour violoncelle et piano en mi mineur op. 38
Bis : Jean Sébastien Bach (1685-1750) : Pastorale en fa majeur BWV 590
Antonio Meneses, violoncelle et Maria João Pires, piano
2012-DDD-76'35''-Texte de présentation en anglais, allemand et français - DG 00289 479 0965

La sonate Arpeggione de Schubert reste une géniale curiosité; par son instrument d'abord qui n'a pas survécu aux lois de la sélection et n'a eu qu'une si brève existence! L'arpeggione comporte six cordes jouées avec un archet mais accordées comme une guitare (mi, la ré, sol, si, mi). Qui peut citer aujourd'hui une autre composition pour cet instrument? Quels instruments choisir alors pour l'entendre ? Les versions les plus fréquentes sont au violoncelle, parfois au violon alto, rarement au violon ou à la flûte. La sonate de Schubert elle-même reste un sujet de discussion. Pour certains, elle est un chef d'oeuvre ; pour d'autres, elle n'atteint pas les sommets d'autres compositions de la même année 1824 comme les deux quatuors Rosamunde et La jeune fille et la mort ou l'Octuor. Mais le plus grand mystère de cette partition se cache dans les immenses possibilités d'interprétation qu'autorise cette oeuvre aux multiples transcriptions, car elle oscille constamment entre la sérénité, la nostalgie et l'humeur sombre. C'est ce dernier aspect que l'on retient chez les deux musiciens français, Gautier Capuçon et Frank Braley. Tandis qu'avec Antonio Meneses et Maria João Pires, on est dans la grâce et le raffinement. Le sang brésilien du violoncelliste du Beaux-Arts Trio s'accorde bien avec le tempérament de la pianiste portugaise.
Á part cette Arpeggione, la suite des programmes présentés par les deux duos est très différente. Chez Capuçon/Braley, on veut clairement rendre hommage à Mstislav Rostropovitch et Benjamin Britten qui ont donné de ces pièces des versions de références. Suivent ainsi les Cinq pièces dans le ton populaire de Schumann, la Sonate pour violoncelle et piano de Debussy et celle de Britten. C'est dans cette dernière que les affinités de Capuçon et Braley se renforcent le mieux.
Pour Meneses/Pires, c'est la pianiste qui provoque l'émotion avec ses Intermezzi de Brahms dont elle nous donne ici une version à retenir. Le duo se reforme ensuite pour le mélodique Chant sans parole, la Sonate de Brahms et une transcription de la dernière partie de la Pastorale pour orgue BWV 590 de Bach. Il suffit d'écouter le début de la sonate de Brahms qui surgit de la corde la plus basse du violoncelle pour sentir cette alliance merveilleuse entre le violoncelliste et la pianiste. On est à la limite de l'épure.
Petit regret dans la pochette Erato -par ailleurs plus détaillée que celle de DG : les pages françaises 7 et 8 sont les mêmes et il faut recourir à la version anglaise ou allemande pour connaître l'ensemble des commentaires sur les sonates de Debussy et celle de Britten.
Jean-Marie André

Son 8 – Livret 5 –  Répertoire 10 – Interprétation 8
Son 10 – Livret 8 –  Répertoire 10 – Interprétation 9

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