Deux concertos tchèques

par

Antonin DVORAK
(1841-1904)
Concerto pour violoncelle et orchestre en si mineur op. 104
Bohuslav MARTINU
(1890-1959)
Concerto n° 1 pour violoncelle et orchestre
Christian POLTÉRA (violoncelle), Deutsches Symphonie-Orchester Berlin, dir. : Thomas DAUSGAARD
2016-DDD––63’ 18’’–Textes de présentation en anglais, allemand et français–BIS 2157

Quelle est la raison pour laquelle la grande majorité des compositeurs du XIXe siècle ont négligé d’écrire ne serait-ce qu’un seul concerto pour violoncelle et orchestre ? Chose paradoxale, Antonin Dvorak a apporté une réponse à la question, alors que lui, il en a justement écrit un, que cette œuvre est aujourd’hui considérée comme un des modèles du genre et que, de surcroît, elle est peut-être même la plus jouée du répertoire romantique à travers le monde, avec le Concerto pour violoncelle et orchestre en la mineur op. 129 de Robert Schumann datant de 1850. « Le violoncelle est un bel instrument, a dit en substance Antonin Dvorak, mais sa place est à l’orchestre et au sein de la musique de chambre. Il n’est pas très bon en tant qu’instrument soliste. » Et de prétendre que « dans le registre aigu, il est nasillard » et que « dans le registre grave, il grommelle ».
On croit savoir qu’Antonin Dvorak se serait décidé à composer son Concerto pour violoncelle et orchestre en si mineur après avoir entendu à Brooklyn, en 1893, un concerto du même type de Victor August Herbert (1959-1924), une des stars de l’opérette américaine de l’époque, par ailleurs excellent violoncelliste. Achevé en février 1895 à New York, cet opus est fort singulier dans la mesure où il ressemble à une symphonie, au sein de laquelle l’auteur aurait donné à un violoncelle un rôle important, par rapport à d’autres instruments, mais n’aura pas été jusqu'à le privilégier, jusqu’à le primer comme dans n’importe quel concerto traditionnel. Et c’est tout le contraire dans le Concerto n° 1 pour violoncelle et orchestre de Bohuslav Martinu, qui a connu trois moutures successives et dont Christian Poltéra a enregistré ici la troisième menée à bien en 1955 : le violoncelle est presque envahissant et sollicite sans cesse son interprète. Un ouvrage plutôt mineur dans le vaste et riche catalogue du compositeur natif de Bohême.
Jean-Baptiste Baronian

Son 9 – Livret 7 – Répertoire 8 – Interprétation 8

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