Dynastie BACH

par

0126_JOKERJohann BACH (1604-1673)
Johann Christoph BACH (1642-1703)
Johann Michael BACH (1648-1694)
INTEGRALE DES MOTETS (Funèbres- Temps de la Passion- Temps de Noël)
VOX LUMINIS, dir.: Lionel MEUNIER
2015-DDD-2 CD- 2h 21'43- présentation et textes en français, anglais et allemand-chanté en allemand- RICERCAR 347
A l'heure où « La Musique au château du ciel » ouvrage de John Eliot Gardiner consacré à Jean-Sébastien Bach (Flammarion) remporte un triomphe en librairie, ce coffret constitue à son tour un événement. Remarquable il l'est sur tous les plans : D'abord parce qu'il regroupe l'ensemble des motets écrits par trois précurseurs de Jean-Sébastien (dont l'un fut son beau-père), centre et phare d'une « dynastie » de quelques cinquante-cinq compositeurs – Et non des moindres ! Ensuite parce que la quasi totalité des œuvres enregistrées sont des « premières » au disque. Enfin, par la qualité musicale, religieuse, esthétique de l'ensemble Vox Luminis dirigé par un chef de haute voltige (Lionel Meunier), le tout accompagné d'un livret remarquablement nourri de faits et d'idées du plus vif intérêt (pas moins de 20 pages pour la seule traduction française!). Oui un monument de beauté et d'intelligence rendu à la vie dans toute sa lumineuse grandeur. Déjà en ce qui concerne les textes : on y perçoit une étonnante aptitude à regarder la mort comme une chose simple, inéluctable dont il faut tenir compte pour s'apurer l'esprit et vivre dans une tranquillité conquise de haute lutte sur l'effroi. Alors l'existence devient aisée, « vivable » (CD 1, 3). Car la religion, vécue sereinement, avec intelligence et passion, permet à l'âme humaine d'exister vraiment, de s'épanouir et de dire tout simplement : « Ich glaube ! » « Darum rede ich » (CD2, 1). Puis ajoutant « Notre vie n'est qu'une ombre sur terre » (CD1, 2) dans une caressante douceur. Et surtout affirmant « Je sais que mon Rédempteur vit »  (CD1, 8). Notons au passage que cette phrase ouvrira la IIIème partie du « Messie » de Haendel ! Ce qui n'est peut-être pas une simple coïncidence... Le second disque célèbre la Passion puis la Nativité (dans un ordre un peu étonnant). Les poèmes sont tout aussi émouvants même s'ils affichent ça et là, les mêmes sentiments que dans les motets funèbres précédents comme  par exemple, la longévité de la vie (CD1, 11) où l'auteur (Johann Michaël) table sur... 70 et même 80 ans, alors que le pauvre musicien mourra le plus jeune des trois, à 46 ans ! La plénitude des chants, de l'accompagnement instrumental renforce la beauté intrinsèque des prières parfois virtuoses, grâce à des voix superbement galbées (la rigueur et l'exactitude n'excluant pas la souplesse ni l'humour), homogènes mais aussi clairement définies et lumineuses, traitées de manière très instrumentale. Mais aussi par l'inclusion plus ou moins « visible » de vieux chorals luthériens (CD2, 9 ou 13 par exemple) ou d'étonnantes « tenues » vocales devenant images de l'Infini (CD2, 12). On l'a compris, ce n'est pas en un jour, en une seule écoute qu'on épuise ce merveilleux trésor source matricielle du génie de Jean-Sébastien qui à son tour cristallisera tant de beautés et irriguera toute la musique occidentale.
Nos lecteurs se souviendront qu'en 2012, à leurs débuts, Vox Luminis et Lionel Meunier ont obtenu un ICMA Award dans la catégorie "Baroque vocal" pour l'enregistrement du Musicalische Exequien de Schütz (Ricercar RIC 311).
Bénédicte Palaux Simonnet

Son 10 - Livret 10 - Répertoire 10 - Interprétation 10

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