Écoutez-vous Françaix ?

par

Très Françaix
Musique de chambre
Diana AMBACHE (piano), Anthony ROBB (flûte), Jeremy POLMEAR (hautbois et cor anglais), Neyire ASHWORTH (clarinette), Philip GIBBON (basson), Susan DENT (cor), David JURITZ (violon), Martin OUTRAM (alto), Rebecca KNIGHT (violoncelle) DDD–2014–59’ 04’’–Texte de présentation en anglais et en français–Oboe Classics CC2029
Françaix DuxJean FRANÇAIX (1912-1997)
Concerto pour clarinette et orchestre
Marek PODKOWA ( ?) Orexis Wolfgang
Amadeus MOZART (1756-1791)
Concerto pour clarinette et orchestre K. 622 Roman LICZNERSKI (clarinette), Sinfonietta Cracovie, dir. : Szymon BYWALEC DDD–2013–67’ 25’’–Texte de présentation en polonais et anglais–DUX 0719 Quoique ses œuvres fassent régulièrement l’objet d’enregistrements discographiques (surtout en Allemagne et en Autriche), Jean Françaix reste un compositeur dont on ne parle pas beaucoup et dont le nom pourtant si évocateur est en général passé sous silence dans les ouvrages sur la musique du XXe siècle, y compris ceux qui sont consacrés à la musique française. Le plus étonnant, c’est que les (faux) puristes le snobent non pas tant parce que ses compositions seraient dénuées d’intérêt, mais plutôt, et paradoxalement, parce qu’elles donneraient l’impression de couler de source, comme on dit, et par là même d’être dans la grande majorité des cas des plus mélodieuses et donc fort agréables à entendre. Il est vrai que toute sa vie durant, Jean Françaix, à l’instar de Francis Poulenc dont il a été l’ami, a superbement ignoré les combats d’avant-garde (ou ceux qu’on désigne de la sorte, à tort ou à raison), préférant demeurer un adepte convaincu – et brillant – du classicisme. Ce qui ne l’a pas empêché d’écrire des partitions pour des formations inhabituelles, ainsi que l’attestent son Quatuor pour cor anglais, violon, alto et violoncelle et son Sextuor pour flûte, hautbois, clarinette, clarinette basse, basson et cor, beaux exemples d’une musique vivante, pétillante, raffinée et rythmée à souhait – deux des cinq pièces de l’album ironiquement baptisé Très Françaix et proposé par le label londonien Oboe Classics, avec en particulier l’excellent hautboïste Jeremy Polmear. En écoutant ce disque, où figurent aussi les Variations sur un thème plaisant, l’Élégie pour commémorer le bicentenaire de la mort de Mozart et L’Heure du berger, on sent que les interprètes ont pris un vif (et peut-être malin) plaisir à jouer la musique de chambre de Jean Françaix et qu’ils n’ont pas eu besoin de se forcer pour en traduire tout le charme.

Son 9 – Livret 8 – Répertoire 8 – Interprétation 8

Son Concerto pour clarinette et orchestre en quatre mouvements (allegro, scherzando, andantino et allegrissimo), Jean Françaix l’a composé en 1967, et c’est un peu comme si à travers lui, il avait voulu rendre hommage à Mozart en personne et à son célébrissime Concerto pour clarinette et orchestre K. 622. Ce n’est du reste pas par hasard si ces deux œuvres ont été réunies par Roman Licznerski sur le même disque. Il serait absurde de les comparer, mais force est de constater qu’elles baignent chacune dans un climat suave et presque aérien, et que lorsque leur exécution est magistrale, elles envoûtent toutes les deux leurs auditeurs. Ce que Roman Licznerski parvient à faire ici, nonobstant dans le Mozart un adagio par moments trop poussif et une attaque trop contenue du rondo (le début du troisième et dernier mouvement). En ce qui la concerne, la Sinfonietta de Cracovie conduite par Szymon Bywalec est sans reproche.

Jean-Baptiste Baronian 

Son 8 – Livret 6 – Répertoire 9 – Interprétation 8

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