Enthousiasme et sympathie ne suffisent pas toujours

par
Kitajenko

Igor STRAVINSKY
(1882 - 1971)
Symphonie en mi bémol majeur op. 1 - Suites n° 1 & 2 pour orchestre de chambre
Zagreb Philharmonic, dir.: Dmitri KITAJENKO
2018-48' 03''-Textes de présentation en anglais et en allemand-Oehms Classics OC 1888

Tout récemment a été enregistré, en première mondiale, le Chant funèbre, op. 5, écrit en 1908 en mémoire de Rimsky-Korsakov, le maître vénéré du jeune Stravinsky. La première symphonie, un an plus tôt, avait  été écrite sous la supervision de Rimsky, qui la trouvait "trop compliquée". Elle s'inscrit dans l'univers des épigones, celui de Glazounov par exemple, et l'on y trouve peu du futur génial auteur de Petrouchka (quoiqu'un petit passage du scherzo...). C'est une oeuvre assez longue, qui comporte les quatre mouvements traditionnels. Le Philharmonique de Zagreb interprète, avec empathie, les mouvements extrêmes. C'est surtout dans les deux pages centrales qu'il excelle. Le scherzo, sans doute la pépite de la symphonie, est plus que plaisant, brillant. Et comme est joliment exposée la mélodie charmeuse du trio, aux cordes envoûtantes. L'imposant largo doit beaucoup à Tchaikovsky - que Stravinsky a toujours aimé et défendu - et Dmitri Kitajenko en déploie le développement d'une manière magnifique, qui conduit à un formidable crescendo à 5' 10''. La coda, mystérieuse, est finement amenée. Le finale "allegro molto", tempétueux et vigoureux, est moins original. Très joli témoignage du Stravinsky débutant à l'orchestre, cette symphonie a connu au moins dix enregistrements. Celui-ci, fort sympathique au demeurant, ne rejoint pas tout à fait ceux, par exemple,  de Neeme Järvi ou d'Alexandre Gibson, plus élégantes ou plus dynamiques. Sans oublier celle du compositeur lui-même, bien entendu. Ce CD, fort court, est complété par les deux suites pour petit orchestre (1917-1925), orchestrations de quelques pièces pour piano. Très brèves, ces deux suites ont vite connu le succès : elles représentent le Stravinsky caustique, néo-classique, amusant, bouffon, très d'époque, il faut l'avouer, un peu dans l'esprit des Six. La première évoque quatre pays européens (ah... le "balalaïka" finale). La seconde se présente comme une succession de danses : la "Valse" annonce celle de l'opéra "Il Tabarro" de Puccini, et le thème du "Galop" final se grave vite dans la mémoire.
Bruno Peeters

Son 8 - Livret 8 - Répertoire 9 - Interprétation 9

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