Fanfares pour cuivres

par

Pièces de Dukas, Tomasi, Roussel et autres, transcriptions de Bach, Mendelssohn, Rossini, Debussy et autres
Les Cuivres français, dir.: Michel BECQUET et Thierry CAENS
2016  (enregistrements de 1992) - DDD - CD1 : 62'33'' et CD2 : 53' 19''- Notice en français et anglais - Indésens INDE 080

Deux CD au programme intéressant, roboratif, clinquant, interpellant, ou même mélancolique, selon les oeuvres. Il s'agit des premiers disques de l'ensemble "Les Cuivres français", fondé en 1989 par des solistes des principaux orchestres parisiens. Le compositeur et trompettiste Thierry Caens en est le directeur artistique, et le tromboniste Michel Becquet, le chef d'orchestre. Le premier CD regroupe des pages écrites pour cuivres. Certaines sont assez connues, telles la Fanfare pour précéder la Péri de Paul Dukas, la Fanfare pour un sacre païen d'Albert Roussel, la Fanfare pour le Martyre de Saint-Sébastien de Debussy ou Le Camp de Pompée de Florent Schmitt. Nous découvrons aussi deux fanfares peu jouées mais passionnantes, et d'abord les Fanfares liturgiques d'Henri Tomasi (1944), provenant en partie de l'opéra Miguel Manara, sorte de petite symphonie en 4 mouvements culminant par une austère "Procession du Vendredi saint". Autre compositeur trop négligé, André Jolivet et ses Fanfares pour Britannicus (1946), d'une grande inventivité sonore, qui évoquent parfois son compère du groupe "Jeune France", Olivier Messiaen. Et quel éclatant postlude ! Le CD est complété par des pièces plus anecdotiques de Georges Delerue et de Louis Durey, et d'un triptyque contemporain de Frédéric Talgorn, Olympus.
Le second CD, intitulé "de Bach à Bernstein" ne comprend, à une exception près, que des transcriptions, effectuées par le directeur artistique, qui selon la notice, se charge, comme arrangeur, de "réordonner, de replacer à sa façon les éléments d'une oeuvre existante pour les adapter à une situation nouvelle". Jouer une romance sans parole de Mendelssohn, un pastiche de cors de chasse de Rossini, La Fille aux cheveux de lin de Debussy ou le célébrissime Adagio de Barber doit être fort amusant pour les instrumentistes, mais le mélomane, lui, n'y gagne pas grand-chose, il faut l'avouer. Par contre, la suite tirée de West Side Story de Leonard Bernstein est excellente : America, par exemple, donne très bien, et quel beau cor (Jean-Jacques Justafré) dans Tonight ! L'exception citée est celle d'Azincourt Lament, longue et belle suite originale de Thierry Caens. D'une durée d'un peu plus de dix minutes, elle s'inspire de procédés compositionnels de la Renaissance anglaise (John Dunstable) et livre une vision hiératique de la fameuse bataille de 1415. Une belle découverte.
Bruno Peeters

Son 9 - Livret 8 - Répertoire 8 - Interprétation 10

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