Festin délicieux

par

Gioachino Rossini (1792 - 1868)
Le Comte Ory
Rossini opéra festival
Yijie SHI (Comte Ory), Maria José MORENO (Comtesse Adèle), Laura POLVERELLI (Isolier), Roberto DE CANDIA (Raimbaud), Lorenzzo REGAZZO (le Gouverneur), dir.: Paolo CARGNANI, mise en scène: Lluis PASQUAL, Orchestre Teatro Comunale di Bologna, Prague Chamber Choir.
2009-PCM Stereo, DD 5.1- 16:9 sous titres français, anglais, allemand, espagnol, italien, coréen-chanté en français-134 ' + 26' bonus-DVD 9 NTSC ARTHAUS Musik 101649
« Le Comte Ory » de Rossini a toujours rencontré un grand succès. Et dès la création, le 20 août 1828 à l'Académie Royale de musique avec Laure Cinti-Damoreau et Adolphe Nourrit, ténor de légende qui allait créer « Guillaume Tell » un an plus tard sur la même scène . En 1884, l’œuvre connaissait déjà sa 400ème représentation pour ne plus cesser d'enchanter les générations jusqu'au présent festival de Pesaro. En fait c'est du meilleur Rossini : plein d'entrain, vif, pimpant, toujours bien ciselé et merveilleusement maîtrisé. Le compositeur pris (comme souvent!) par le temps a fait des emprunts à des œuvres antérieures, « Le Voyage à Reims » par exemple. Mais ce virtuose des codes belcantistes brouille les pistes, métamorphose son discours si bien qu'il faut une oreille extrêmement raffinée -bien érudite aussi!- pour repérer au passage les réminiscence avec lesquels il jongle -comme à d'autres musiciens d'ailleurs, tels Boieldieu (« La Dame Blanche ») ou Auber (« Fra Diavolo »)... tous ces éléments concourant à faire du « Comte Ory » un festin délectable. Et c'est ce qu'ont bien compris et réalisé à Pesaro les artistes du chant, de l'orchestre, des chœurs galvanisés par Paolo Cargnani qu'épaule une mise en scène endiablée quoique légèrement datée (2003) et des costumes joyeux sans prétention intellectuelle. Le tout sous la supervision du plus grand des rossiniens, le Maestro Alberto Zedda, que l'on retrouve avec bonheur dans le Bonus. Car oui, ici, tout est bien joie de vivre, de chanter, d'être sans cesse en mouvement. Tout rebondit ! Avec ces demi-sourires qui montrent que l'on n'est pas dupe... Gracieuse et blonde comme une star du cinéma hollywoodien des années 50, Maria José Moreno (La comtesse Adèle) prête son soprano pur et léger à la pyrotechnie rossinienne avec autant de charme que d'assurance. La pétillante Laura Polverelli incarne le page travesti Isolier avec la même aisance. Dame Ragonde et Alice ne s'en laissent pas conter qui débordent de présence et de classe. Et les messieurs tout autant, Lorenzo Regazzo en Gouverneur pontifiant, Roberto De Candia en Raimbaud roublard. Et Yije Shi, Comte Ory et ténor sans faille que sa voix « chinoise » aide encore un peu plus à tromper son monde... Rôle où il succède à Juan Diego Florez (Pesaro 2003). La prise de vue DVD se contente d'être efficace et aurait mérité un travail de la lumière plus abouti pour participer à l'achèvement parfait d'un moment heureux.
Bénédicte Palaux Simonnet

Les commentaires sont clos.