Festival Musical de Namur : Florian Noack, Maître de son programme

par

© Monika Lawrenz

Élu Artiste émergent de l’année 2015 aux ECHO Klassik Awards, ICMA Solo Instrument  Award 2017 pour son enregistrement de l'oeuvre pour piano de Lyapunov, nommé Jeune Musicien de l’Année par l’Union de la Presse Musicale Belge, et décerné plusieurs fois du convoité Diapason d’Or... Florian Noack est sollicité de toutes parts, et pour cause ! Un Franz Liszt des temps modernes, le jeune pianiste bruxellois se distingue par ses transcriptions magistrales (il suffit d’écouter son interprétation du poème symphonique Schéhérazade, offert en bis, pour en être convaincu) et son talent à dénicher compositeurs et œuvres qui valent la peine d’être (re)découverts. Ce n’est donc pas surprenant qu’un tel artiste fasse preuve d’une grande intelligence, la confection et la présentation orale du programme en est la preuve immédiate. Ne cherchant pas la facilité – dans le cadre d’un récital solo, il aurait pourtant été facile de se limiter au répertoire standard pianistique – Noack profite habilement du thème des chansons et danses populaires pour nous faire découvrir à la fois des œuvres méconnues de maitres incontestés mais aussi des compositeurs inconnus.
Le pianiste commence son récital avec son arrangement de quelques extraits des 49 Chansons Populaires Allemandes de Brahms, poursuivant avec Le chevalier et la fille du berger, miniature extraite des Chansons Populaires Anglaises du compositeur-ethnomusicologue australien Percy Grainger (1882-1961). Suivirent les Trois Mazurkas op. 59 de Chopin, quelques intrigantes et modernes Slåtter (Danses Paysannes Norvégiennes) op. 72 de Grieg, et plusieurs Danses Suédoises de Bruch avant de clore le récital avec le post-romantisme avancé des Rythmes Finnois du finlandais Selim Palmgren (1878-1951), appelé le « Chopin du Nord » par ses condisciples, et finalement sa transcription luxuriante du Chant Russe op. 41 no. 3 « Blanchissez, mes joues ! », pièce pour chœur et orchestre de la période d’exil en Philadelphie de Sergei Rachmaninov.
On découvre un jeu élégant et raffiné, excellant à faire ressortir le lyrisme et la simplicité de ces miniatures. Le trait est fin sans jamais devenir fragile, et, à l’image de sa désinvolture scénique, ne pâtit jamais d’un excès de pathos. Si ce jeu convient à merveille pour les pages qui prennent le folklore musical comme point de départ de l’œuvre (les Mazurkas de Chopin ou les Danses Suédoises de Bruch), il peut sembler trop poli, trop prudent, trop… convenable… pour les pages qui s’inspirent plus littéralement de la culture musicale folklorique, imperfections comprises. Finalement, à l’aise autant au microphone qu’au piano, on se souviendra de sa facilité à prendre la parole et présenter astucieusement le fil rouge du programme.
Pierre Fontenelle, Reporter de l’IMEP
Église Saint-Loup, Namur, le 5 juillet 2018

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