Gatto et Giordano, peu inspirés cette fois

par

© J.N. Doumont

giordanoWolfgang Amadeus Mozart : Sonate pour violon et piano, KV 379
Ludwig van Beethoven : Sonate pour violon et piano n° 9, op. 47, "Kreutzer"
Richard Strauss : Sonate pour violon et piano, op. 18

Les Sonates pour violon et piano de Mozart sont parmi les plus belles du répertoire. Et celle choisie pour ce concert est peut-être la plus belle de toutes. Elle commence par quelques accords lentement égrenés au piano seul, bientôt suivis par une longue et intense mélodie au violon. S'ensuit un mouvement un peu plus rapide et plus dramatique nous rappelant que Mozart n'est pas très loin du romantisme. La Sonate finit sur un "thème et variations" délicieusement contrasté et d'une grande délicatesse. Gatto et Giordano ont choisi de débuter le concert par cette oeuvre. Ces deux musiciens ont une grande maîtrise de leur instrument et ont l'habitude de se produire dans le monde entier. On se souvient d'ailleurs d'une très belle Chaconne de Bach par Lorenzo Gatto lors du concert Conservamus ici-même en octobre dernier. Et qui n'a pas en tête les belles interprétations nobles et racées de Schumann et Brahms par Roberto Giordano ? C'est avec grande curiosité qu'on les attendait dans trois grandes sonates du répertoire pour violon et piano. Leurs jeux respectifs sont de belle qualité, techniquement très contrôlés, mais en musique de chambre ce n'est pas suffisant. On attendait davantage de complicité musicale entre ces deux grands interprètes. Une Sonate Kreutzer bien réalisée techniquement, dans les bons tempi, mais on aurait souhaité un peu plus d'investissement émotionnel, de passion et d'engagement. La Sonate de Strauss fut plus réussie. La partie de piano, très dense et difficile techniquement, fut dominée avec brio par Giordano qui n’a jamais couvert le violon. Gatto s'y épanche davantage et ce genre de musique semble mieux lui convenir. Les deux musiciens échangent et communiquent dans cette musique plus lourde et plus difficile à "débroussailler" que Mozart et Beethoven. Pour terminer, deux bis sucrés flattant l'esprit et le jeu de Gatto.
François Mardirossian
Bruxelles, Conservatoire, le 1er février 2014

 

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