Hommage à l'art inégalable de Lisa della Casa

par

JOKERLISA DELLA CASA (soprano)
Extraits de Giulio Cesare (Haendel) et Don Giovanni (Mozart), lieder de Franz Schubert, Johannes Brahms, Hugo Wolf et Richard Strauss
Lisa DELLA CASA (soprano), Orchestre Philharmonique de Vienne, dir.: Heinrich HOLLREISER, Karl HUDEZ (piano)
1956-ADD-78'08-Pas de texte de présentation-Decca 4808149

Très à propos, Decca publie une imposante collection de récitals de chanteurs qui ont compté parmi les grands noms du label dans les années 50 et 60: visuels d'origine mais présentation spartiate, aucun texte de présentation mais des transferts proches de la perfection. C'est ainsi que nous reviennent, après des décennies d'absence parfois, des disques dont on se demande bien pourquoi nous en avions été privés si longtemps. C'est le cas de ce cd consacré à la merveilleuse Lisa della Casa, disparue en 2012, grande Straussienne devant l'éternel. On se précipitera sur douze lieder inédits en cd qui, à eux seuls, résument tout l'art de cette remarquable diseuse: émission impeccable et galbe parfait de la voix, d'une souplesse qui épouse si bien les styles de Schubert, Brahms ou Wolf. N'y aurait-il eu que ces douze perles, remarquablement accompagnées par un Karl Hudez délicat et au diapason, comme unique témoignage de la soprano suisse, elles auraient suffi à la placer au Panthéon. Eminemment phonogénique, son timbre rappelait parfois celui de Schwarzkopf mais sans cette sophistication qui jetait parfois un voile sur certaines des interprétations de cette dernière. Au contraire, della Casa réussissait à traduire la moindre inflexion en veillant à garder toute sa simplicité et sa spontanéité. Et c'est ce rare alliage qui nous rend ses témoignages si précieux et indispensables aujourd'hui. Les extraits de Giulio Cesare qu'elle gravait à la même époque avec Heinrich Hollreiser, même chantés en allemand comme ils le sont ici, feraient pâlir d'envie tous les apprentis haendéliens de notre époque. Qui pourrait nous en transmettre à ce point la fraîcheur, la fragilité, l'émotion? Un seul Mozart mais sur les cimes: son Non mi dir (Don Giovanni) fait passer au second plan la virtuosité pure pour aller, une fois encore, droit au coeur. Et c'est sur trois sublimes lieder de Richard Strauss, celui avec lequel elle avait le plus d'affinité, que s'achève ce portrait, un des plus indispensables de cette collection et que tout mélomane se doit de garder bien au chaud dans sa discothèque. Un trésor!
Bernard Postiau

Son 8 - Livret 2 - Répertoire 10 - Interprétation 10

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