"Il Barbiere di Siviglia" chez Fellini !

par

Annalisa Stroppa, Edgardo Rocha et Marc Mazuir © M. Vanappelghen

L’Opéra de Lausanne reprend la brillante production qu’Alberto Sinivia avait conçue en 2009 pour le chef-d’œuvre de Rossini, en plaçant, en lever de rideau, une scène parlée tirée de ‘Prova d’orchestra’, l’un des derniers longs métrages de Federico Fellini. Et l’esprit ludique de cette mise en scène, accumulant les projections vidéo, les gags, les effets spéciaux, en est donné, en déroulant l’action à un tempo d’enfer, que maintiendra la direction précise de Carlos Vieu, à la tête du Chœur de l’Opéra de Lausanne et de l’Orchestre de chambre de Lausanne.  Le plateau est dominé par la Rosina d’Annalisa Stroppa, voix de mezzo aux reflets mordorés jouant les ‘pseudo’ ingénues avec un abattage considérable. Face à elle, le jeune ténor uruguayen Edgardo Rocha doit d’abord trouver ses marques, égaliser l’émission, avant de livrer un second acte brillant qu’il embellit du redoutable « Cessa di più resistere » avec ses trais ébouriffants et un aigu constamment sollicité. Le Figaro de Giorgio Caoduro a les mêmes difficultés en début de soirée puis finit par dessiner un barbier au grand cœur, manipulant les situations pour en arriver à ses fins. Sorin Coliban a la raideur d’un Basilio figé dans ses obligations, tandis que Bruno De Simone use de toutes les ficelles de son indéniable métier pour rendre son Bartolo digne de compassion. Céline Mellon dessine une Berta fine mouche, tandis que Marc Mazuir joue les Fiorello âpres au gain. Et le public applaudit à tout rompre un spectacle de qualité, dont la dynamique ne s’essouffle jamais.
Paul-André Demierre
Lausanne, Opéra, 2 mai 2014

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