Il n'y a pas que les suites de Bach, de Reger ou de Britten pour violoncelle!

par

Hugo Becker (1864-1941)
Suite fantastique op. 14 "Aus dem Leben des Waldschrat" pour violoncelle solo
Julius Klengel (1859-1933)
Suite en ré mineur op. 56 pour violoncelle solo
Paul Tortelier (1914-1990)
Suite en ré mineur pour violoncelle seul "à la mémoire de mon Père"
Markus Wagner, violoncelle
2012-DDD-74'35''-Texte de présentation en allemand et anglais - Solo Musica SM214

Ce sont, en effet, trois découvertes de compositeurs inconnus que nous livre ce CD de la firme Solo Musica. Bien sûr, Paul Tortelier a une réputation internationale comme violoncelliste mais on n'évoque que rarement ses talents de compositeur. Quant à Hugo Becker et à Julius Klengel, ils sont carrément passés dans l'oubli. Et pourtant, on prend plaisir à écouter ces suites que, personnellement, j'entends pour la première fois. Les violoncellistes professionnels connaissent le nom de Becker par la dédicace de Max Reger dans sa seconde suite. On se rappelle aussi qu'il a joué en trio avec Ysaÿe et Busoni et avec Schnabel et Flesch. Il n'a que peu écrit. On lui doit un concerto pour violoncelle. Sa suite de la vie du lutin des bois est fascinante. Ses cinq mouvements alternent les moments d'émotions du petit gnome avec les atmosphères de l'environnement forestier dans lequel il vit. Julius Klengel a un catalogue plus impressionnant de plus de soixante opus avec quatre concertos pour violoncelle, un concerto pour deux violoncelles et un concerto pour violon et violoncelle. Sa suite op. 56 est dédiée à son élève Emanuel Feuermann. Au contraire de celle de Becker, elle montre la structure traditionnelle d'une suite de danses avec sicilienne, gavotte et sarabande, précédée d'un prélude et conclue par une fugue. Beau moment dans un style qui n'a rien de révolutionnaire. Paul Tortelier n'est pas qu'interprète ; c'est en même temps qu'Henri Dutilleux qu'il a obtenu le premier prix de composition au Conservatoire de Paris en 1935. Il a composé une symphonie, des concertos à côté de musique de chambre. Sa suite pour violoncelle seul de 1946 est également de structure habituelle : prélude, allemande, courante, sarabande, bourrée et gigue. Elle est dédiée à la mémoire de son père mort l'année précédente. Même si Bach n'est pas loin, on prend plaisir à écouter le langage plus personnel d'un artiste qui connaît à fond les subtilités de son instrument. La belle sonorité et la sensibilité de Markus Wagner donnent toute sa valeur à cet enregistrement. De belles pages à réserver aux curieux mais aussi aux passionnés de ce bel instrument si proche de la voix humaine qu'est le violoncelle.
Jean-Marie André

Son 10 – Livret 7 – Répertoire 8 – Interprétation 10

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