Interprètes idéaux pour une résurrection intéressante

par
Uthal

Etienne-Nicolas MEHUL
(1763 - 1817)
Uthal
Karine DESHAYES (Malvina), Yann BEURON (Uthal), Jean-Sébastien BOU (Larmor), Sébastien DROY (Ullin), solistes, Choeur de Chambre de Namur, Les Talens Lyriques, dir.: Christophe ROUSSET
2017-60' 38''-Textes de présentation en français et en anglais-Chanté en français-Ediciones Singulares

Voici l'enregistrement que l'on attendait du concert mémorable donné à l'Opéra royal du Château de Versailles le 30 mai 2015, dont la critique a paru ici-même, le 15 juillet suivant. Il est catalogué vol. 14 de la série "Opéra français," dans un de ces superbes livres-disques dont le Palazzetto Bru Zane - Centre de musique romantique française - a le secret, et qui enrichit durablement notre connaissance de ce répertoire prestigieux, mais souvent encore méconnu. Le livre-disque contient une analyse passionnante de la partition par Gérard Condé, éminent spécialiste actuel, des textes anciens de Méhul lui-même, de Berlioz ou d'Arthur Pougin, et le compte rendu de la création en 1806. Dramatiquement, cette phrase de Malvina contient toute la trame : "Mon père et mon époux, dans leur aveugle rage, se sont voués tous deux, la haine et le mépris." Musicalement, Méhul provient du pré-romantisme de Gluck (les cris de Malvina en pleine ouverture !) et de Spontini ; il annonce souvent le vrai romantisme, celui de Berlioz, qui ne cachait d'ailleurs pas son enthousiasme pour cet ouvrage. Comme au concert, quelques passages frappent fort : l'hymne au sommeil, le récitatif et la romance d'Uthal "Quoi ! Je la cherche en vain !", le duo haletant, tendu, puis passionné entre les amants, ou l'impressionnant chant des bardes "Près de Belva, sur le nuage, je vois deux fantômes assis", déjà admiré à Versailles, avec l'intervention de Philippe-Nicolas Martin. On a dit tout le bien qu'il fallait penser des interprètes au concert, et on ne peut que le souligner à nouveau. Héros tous deux altiers mais douloureux, la Malvina de Karine Deshayes et l'Uthal de Yann Beuron sont parfaits. Jean-Sébastien Bou campe le rôle plus difficile du père et chef de tribu Larmor, tandis que Sébastien Droy se charge habilement du barde Ullin. Ces chanteurs réunis et soutenus par le Choeur de Chambre de Namur et les Talens Lyriques, accomplissent un sans-faute sous la baguette souple mais ferme de Christophe Rousset, triomphant dans l'éclatant finale "Doux moment ! Ô jour plein de charmes !"
Bruno Peeters

Son 10 - Livret 10 - Répertoire 10 - Interprétation 10

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