Italie et Réforme

par

Félix Mendelssohn (1809-1847) 
Symphonie n°4 en la majeur, op.90, « Italienne » - Symphonie n°5 en ré majeur, opus 107, « Réformation »
The Netherlands Symphony Orchestra, Jan Willem de Vriend, direction
2015-SACD-56’30-Texte de présentation en anglais-Challenge Classics-CC72658

Jan Willem de Vriend poursuit et achève avec ce troisième disque son intégrale consacrée aux Symphonies de Mendelssohn. La Symphonie n°4, dite « Italienne » est terminée en 1833 alors que la première note date de 1830. Si le compositeur est à Rome à cette date, aucun lien direct avec l’œuvre ne peut s’imaginer. Et pourtant, quelques couleurs et dynamiques nous font penser aux magnifiques paysages de Toscane et aux festivités méditerranéennes typiques. La création est donnée à la Société Philharmonique de Londres après une exécution du Concerto en ré mineur de Mozart avec Mendelssohn au piano. Egalement en quatre mouvements, la Symphonie n°5 dite « Réformation » est aux antipodes de sa sœur. Editée après la mort du compositeur, l’œuvre, déjà révisée, obtint un faible succès lors de sa création en novembre 1832. Entamée en 1829, Mendelssohn envisage l’œuvre en vue de la célébration du tricentenaire de la Confession d’Augsbourg, projet annulé puisque sa création est beaucoup plus tardive. Contrairement à vivacité de la Symphonie n° 4, l’opus 107 est assez sombre, peu emprunt d’inspiration, avec des mouvements centraux particulièrement courts et un effectif fort en cuivres. Le succès mitigé pourrait appuyer le fait que Mendelssohn s’en désintéressa très rapidement, au point de ne plus la jouer.
L’interprétation de Jan Willem de Vriend ne manque pas d’inspiration et de souffle. Les tempi sont résolument rapides, vifs, installant par moment un peu de lourdeur. Les valeurs rythmiques sont respectées et une volonté accrue sur les accents est portée. Grâce à l’excellente qualité d’enregistrement, chaque pupitre passe merveilleusement, du plus petit pp aux tutti magistraux. On pourrait cependant reprocher une trop grande mise en évidence des cuivres, certes éclatants, mais légèrement au dessus. Le Netherlands Symphony Orchestra offre une lecture solide et robuste : belle qualité des archets, précision des attaques, finesse dans le travail sur le flux et palette de couleurs développée. La tension est de mise grâce à une énergie commune de qualité perçue dans les deux œuvres. De Vriend offre un beau travail sur les articulations et les nuances avec une compréhension évidente de l’harmonie et de la forme, proposant ainsi une réappropriation de l’œuvre de Mendelssohn. Les idées, incroyablement justes, ne sont néanmoins présentes que sous la forme de contours ou d’esquisses, à l’instar du travail d’un sculpteur qui, ayant dégrossi les contours, fait apparaître l’Idée qui doit être néanmoins dégrossie, précisée. Cependant et enthousiasmé par une version plus vivante et jamais entendue jusqu’à lors, ne demandons-nous pas trop au chef ? La vie dans son incandescence ne doit-elle pas être retenue par les barrières de la rigueur ? Une version moins « bateau » et moins à fleur de peau.
Ayrton Desimpelaere 

Son 10 – Livret 9 – Répertoire 9 – Interprétation 9

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