Jan Huyghebaert, vigilance et disponibilité

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Dans les domaines des affaires et de la banque, le nom de Jan Huyghebaert ne passe pas inaperçu. Au fil de sa longue carrière s’est dessinée une réputation pointue. Sans qu’il néglige pour autant les autres aspects d’une vie où la musique tient une place de choix. Homme d’engagement, privilégiant l’efficacité à la notoriété, c’est lui qui préside désormais aux destinées du Concours.

Huyghebaert- Monsieur Huyghebaert, vous êtes un Président très discret. Depuis que Jean-Pierre de Launoit nous a quittés il y a un peu plus d’un an, vous avez pris en main les rênes du Concours et la gestion de l’équipe. Mais on vous voit peu, on vous entend peu. C’est intrigant ! Qui êtes-vous ?
Il y a une trentaine d’années que je suis impliqué dans le Concours. C’est d’ailleurs à la demande de Jean-Pierre de Launoit que j’ai rejoint l’organisation. Il souhaitait pour le Concours une ouverture vers la Flandre, une région qui m’est familière et où j’avais développé déjà un réseau de relations. Dès 1986, je suis devenu le deuxième Vice-Président. A l’époque, rappelez-vous, le premier Vice-Président était Carel van Crefeld. Membre du Comité et du Conseil, j’ai toujours travaillé en étroite collaboration avec Jean-Pierre de Launoit. Lorsque des décisions importantes devaient être prises, il écoutait attentivement les points de vue et les arguments de chacun. Mais quand il le fallait, il prenait seul sa décision et la communiquait. C’est le rôle qui incombe au Président…
Vous dites qu’on me voit moins que lui. C’est exact et il y a à cela plusieurs raisons. La première, c’est que je suis beaucoup moins impliqué que lui dans les medias. Il ne faut tout de même pas oublier qu’il a présidé le groupe RTL pendant 25 ans. La deuxième c’est la durée. Il était là depuis 40 ans ! La troisième est davantage liée à ma conception personnelle de la Présidence. Le monde évolue, le Concours aussi, comme toutes les formes de sociétés. Le quotidien du Concours, c’est d’abord le fait d’une équipe très investie et très efficace : le Comité Exécutif et le Conseil d’une part, l’équipe permanente d’autre part. Ce sont eux qui en constituent le « moteur », qui en assurent la continuité et l’évolution. Chacun y apporte sa compétence particulière, ses réseaux, son enthousiasme, ses initiatives, son sens des responsabilités… Le Concours ne peut pas être tributaire d’une seule personne, si qualifiée soit-elle. Mon rôle consiste donc davantage à les stimuler qu’à leur dire ce qu’ils doivent faire. Néanmoins, dans les moments importants, c’est au Président d’intervenir. Il doit mettre en œuvre son expérience et son autorité pour trancher, décider, orienter.

- Après une année et demie de Présidence, quel est votre regard sur le Concours ? A vos yeux, quels sont ses grands atouts, ses besoins prioritaires ?
Je voudrais d’abord insister sur l’indépendance du Concours. Il ne dépend d’aucune subvention publique et ne peut dès lors être suspecté d’aucune allégeance. Le soutien des instances gouvernementales s’exprime au niveau des prix qui sont offerts aux Lauréats : Prix du Gouvernement Fédéral belge, Prix des Gouvernements Communautaires de Belgique, Prix de la Région de Bruxelles-Capitale, Prix de la Ville de Bruxelles,… Quant à la présence de membres du Gouvernement aux séances du Concours, elle est extrêmement variable en fonction des époques et des personnes,… Elle relève d’une démarche individuelle.
Le financement est assuré par les sponsors structurels dans le cadre d’accords précis et structurés. Il s’agit d’engagements fermes pour une durée de quatre années, soit un « cycle » complet de sessions annuelles dédiées successivement au piano, au violoncelle, au chant et au violon. En contrepartie, nous leur assurons une belle visibilité sur un événement exceptionnel et de multiples possibilités d’invitations. Et aussi, bien sûr, le monopole dans leur secteur d’activité.
Aux côtés des sponsors, il y a l’apport de la centaine de « Membres Patrons » : ils apportent au Concours leur implication au niveau du financement mais aussi leur contribution personnelle au rayonnement de celui-ci.
Sponsors et patrons nous assurent, ensemble, de bonnes conditions de fonctionnement. Elles seraient optimales si nous pouvions associer un sponsor structurel supplémentaire.
Heureusement nous pouvons aussi compter sur beaucoup de bénévoles, notamment les familles d’accueil.
Quant aux besoins, la priorité essentielle va au renforcement de l’équipe. Particulièrement dans le domaine des nouveaux medias et des réseaux sociaux. C’est un grand défi et il est souhaitable qu’une personne puisse s’y consacrer entièrement, développer cet aspect de nos relations avec le public, en particulier les jeunes. C’est un métier à part entière et c’est extrêmement important à l’échelle internationale. Actuellement, chacun s’y consacre dans la mesure de ses possibilités. C’est-à-dire avec toute sa bonne volonté mais dans les limites de ses disponibilités. On imagine mal le rythme de travail de l’équipe qui assure l’excellence du Concours dans tous ses aspects. Au-delà de ce qui se perçoit -les séances, les proclamations…- ce sont eux aussi qui veillent à ce que les candidats qui le souhaitent puissent rencontrer les membres du jury après chaque niveau d’épreuve. Après la proclamation finale, ils sont là encore toute la nuit avec le président du jury, Arie Van Liesbeth, pour participer à l’échantillonnage des extraits qui figureront sur le coffret de CD. Et je ne cite ici que deux « exemples ». Tout cela demande une vigilance sans faille, une disponibilité peu commune. Oui, ma priorité absolue, c’est de pouvoir renforcer l’équipe.
Propos recueillis par Michelle Debra
Bruxelles, le 27 avril 2016

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